La Fed pourrait réduire et arrêter ses achats d'obligations, connus sous le nom de "quantitative easing" dans le courant de 2014, a indiqué mercredi son président au cours d'une conférence de presse.
La banque centrale a relevé son évaluation de la situation de l'économie américaine, tablant sur un taux de chômage compris entre 6,5% et 6,8% d'ici fin 2014 (contre une précédente estimation entre 6,7% et 7%). Malgré cette nouvelle prévision, la banque centrale américaine a décidé de maintenir ses taux d'intérêt à un niveau proche de 0 jusqu'en 2015.
Regain de volatilité
Mais le principal sujet d'attention du marché - les rachats d'obligations connus sous le nom de "Quantitative Easing" - a fait l'objet d'une clarification de la part de Ben Bernanke.
"Si les nouvelles statistiques sont cohérentes avec notre prévision [d'une amélioration de l'économie], le comité estime qu'il sera approprié de modérer le rythme des achats vers la fin de cette année", a déclaré Bernanke depuis Washington. Dans de telles circonstances, "nous continuerons de réduire notre rythme d'achat à pas mesurés tout au long du premier semestre de l'année prochaine, pour les arrêter vers le milieu de l'année", a-t-il ajouté.
Ces déclarations ont entraîné une baisse des Bourses américaine et asiatiques et une remontée des taux longs. Le rendement à 10 ans des bons du Trésor est ainsi passé de 2,19% mardi à 2,3% mercredi. En Asie, l'indice Nikkei 225 a cédé 1,7%, portant à 15% sa baisse sur un mois. A Wall Street, l'indice Dow Jones a abandonné 1,4%.
Sur le marché des devises, le dollar s'est apprécié, tandis que la pluspart des devises émergentes, déjà affectées par la chute du yen, ont poursuivi leur glissade.
Premières réactions
Les remarques de Bernanke ont provoqué des commentaires divers. Certains gérants y voient des signes d'optimisme de la part de la Fed quant au redressement de l'économie américaine et la capacité du pays à digérer une normalisation des taux d'intérêt.
Pour Andrew Parry, d'Hermes Sourcecap cité par Citywire, "la volatilité remontera inexorablement sur les marchés de taux car les taux s'ajustent à cette nouvelle situation, l'impact sur la partie moyenne de la courbe dépendant de la solidité de l'économie face au retrait du stimulus monétaire qui a été mis en place pendant six ans."
Bob Johnson, directeur de la recherche économique de Morningstar, estime pour sa part que la réduction des achats ne cassera pas la reprise. "La Fed n'a fait que donner un coup de pouce à l'économie américaine. Il y a beaucoup de fondamentaux qui s'améliorent naturellement", souligne-t-il, citant le marché automobile ou la situation de l'immobilier américain.
Les économises d'Exane BNP Paribas soulignent également l'optimisme de la banque centrale, dans une note aux investisseurs: "Nous pensons que la Fed attendra le 4è trimestre pour commencer à réduire son programme d'assouplissement quantitatif et que le programme se déroulera sur une bonne partie de 2014. (...) Tout retard sur les prévisions de la Fed pourrait reporter dans le temps l'espoir d'un changement de politique."