Faute de faire bouger ses taux, la Banque Centrale Européenne (BCE) a donc décidé hier d’annoncer ses intentions, ce qu’elle ne faisait pas jusqu’ici. L’institution s’est engagée à maintenir ses taux bas « aussi longtemps que nécessaires », comme l’a indiqué Mario Draghi jeudi en conférence de presse.
Cet engagement pour une durée de temps indéterminée (qualifié de « forward guidance » par les investisseurs) a également été pris par la Banque d’Angleterre le même jour.
Pourquoi une telle annonce à défaut d’une baisse des taux ? Pour les économistes d’Exane BNP Paribas, ce type de déclaration permet de gagner du temps. "La BCE n’est pas obligée d’engager une baisse des taux dès le mois prochain. Son objectif est de maintenir ancrée la courbe des taux grâce à la communication. … Mais à terme, toutefois, les mots devront se traduire en actes", soulignent-ils dans une note datée du 4 juillet.
Exane anticipe une baisse des taux de 25 points de base avant la fin de l’année (à 0,25%), tandis que le taux de refinancement sera amené en territoire négatif à -0,25%. Une mesure visant à inciter les banques commerciales à prêter à l’économie plutôt qu’à placer leurs liquidités auprès de la BCE.
"Never pre-committed"
Contrairement à son prédécesseur, Mario Draghi a décidé de faire comme d’autres responsables d’institutions monétaires, en envoyant des signaux plus clairs sur les intentions de la BCE et la manière dont elle pourrait réagir à l’évolution d’indicateurs clefs (notamment l’inflation).
Cette décision de la BCE augmente la divergence de vues avec la Fed, qui s’est engagée, elle, à réduire sa politique non-conventionnelle, estime Olivier Korber, stratégiste sur les devises à la Société Générale, dans une note datée du 4 juillet.
Avec la décision de la Banque d’Angleterre, ce nouveau cycle d’assouplissement devrait contribuer à faire baisser les primes de risque et relancer la chasse au rendement de la part des investisseurs.