Plus le temps passe, plus se renforce l’impression que la hausse récente des marchés actions a des fondations bien fragiles.
Quelques indices :
- Depuis quelques semaines, la hausse des marchés actions devient un peu plus poussive. Sur le mois écoulé, le Stoxx 600 a progressé de 1,6% contre +2% pour le S&P 500, -2,4% pour le MSCI Emerging Markets et +9,3% pour le Nikkei 225.
- Le niveau de valorisation des marchés est devenu raisonnable, quelle que soit la région concernée (quand on ne parle pas de début de surévaluation aux Etats-Unis).
- L’univers des valeurs européennes suivies par Morningstar n’offre en moyenne plus de potentiel de hausse : le ratio moyen entre le cours de Bourse et la juste valeur estimée par nos analystes est actuellement de 1,06.
- Certains gérants disposant de bases de données propriétaires font le même constat de valorisations raisonnables, avec des potentiels d’appréciation limités – un constat qui serait également fait par certains courtiers anglo-saxons.
- La hausse des marchés depuis juillet 2012 s’est faite exclusivement à travers l’appréciation des ratios de valorisation (graphiques).
- La courbe des profits des entreprises membres du Stoxx 600 est sur une pente descendante depuis 3 ans – morosité confirmée par la saison des résultats du troisième trimestre.
- Certains gérants réputés s’inquiètent de la diminution de l’aversion au risque dans le marché.
Alors que les investisseurs institutionnels sont de plus en plus poussés à mettre du risque dans les portefeuilles (par le biais du crédit à haut rendement, des obligations convertibles ou des actions), le décalage entre le prix des actions et leurs fondamentaux ne peut qu’étonner, en particulier lorsque les interrogations restent entières sur la vigueur et la durabilité de la reprise économique dans le monde.
Les investisseurs semblent tenir pour acquis que quoi qu’il arrive, les banques centrales seront là pour intervenir et injecter des liquidités – alors que les politiques non-conventionnelles ont des résultats limités pour l’économie réelle.
L’année 2013 est partie pour être une très belle année boursière, après une année 2012 déjà souriante pour les actions. Mais finalement peu d’investisseurs en ont profité – soit du fait d’une allocation trop prudente, soit parce que l’incertitude économique était encore trop importante.
Il est à craindre qu’en 2014, au moment même où les autorités monétaires feront le grand saut dans l’inconnu avec (peut-être) un début de « tapering » aux Etats-Unis, les investisseurs – particuliers en tête – ne se décident alors d’accroître leur exposition aux actions, avec le risque de rentrer sur les marchés lorsque ces derniers seront plus volatils.
De nombreuses sociétés de gestion multiplient les messages les encourageant à s’exposer à la classe d’actifs et certains brokers affirment que la hausse des actions se poursuivra en 2014.
L’argument central pour acheter des actions en 2014 est celui d’un rebond des résultats des entreprises. Le problème est que cela fait trois ans ou presque que les brokers espèrent un redémarrage des profits qui ne s’est toujours pas produit.
D’autres commentaires recommandant un peu plus de prudence essaient de se faire entendre. Une « respiration » du marché serait en effet nécessaire pour revenir vers les actions. Cette respiration n’est pas pour tout de suite, si l’on regarde l’évolution des indices de volatilité. Ces derniers n’évoluent guère. Il faudra les voir remonter quelque peu pour que le terrain se prépare enfin à une correction qui ferait le plus grand bien.