Quelle est votre vue sur les marchés financiers et les classes actifs ?
On observe un regain d’optimisme des investisseurs sur les marchés, en particulier en faveur des pays développés et toujours quelques inquiétudes sur les marchés émergents. Au cours de l’année écoulée, il y a eu beaucoup de discussion sur une rotation hors des obligations vers les actions. Cela ne s’est pas produit.
Comment cela se traduit-il en termes de flux au sein des ETF ?
Dans l’ensemble, sur le marché européen, les flux ont été un peu moins dynamique en 2013 qu’au cours des deux années précédentes, en grande partie à cause des sorties massives des ETF investis dans l’or et les matières premières en général. Les flux dans les ETF investis en obligations et autres produits de taux ont été stables. Les flux ont été en nette croissance sur les actions.
Si les investisseurs deviennent plus optimistes, ils tendront à moins considérer les stratégies passives, dans l’espoir de maximiser leur création de valeur à travers des stratégies plus actives. L’année 2014 sera donc une année test pour les ETF et la gestion passive.
Les actions européennes sont mises en avant par de nombreuses sociétés de gestion, ainsi que le style value. Comment jouer ces thématiques via des ETF ?
Les ETF présentent l’avantage de jouer l’Europe dans son ensemble, évitant à l’investisseur le soin de devoir privilégier tel ou tel marché au sein de la zone. Gordon Rose de l'équipe d'analystes ETF propose une liste de 10 idées d'ETF sur la classe d'actifs.
En ce qui concerne le style « value », nous pensons qu’il faut faire preuve de prudence lorsque l’on veut jouer un style de gestion particulier à travers des ETF, et faire attention à la manière dont ces fonds sont construits.
Comme l’explique mon collègue Gordon Rose (membre de l’équipe des analystes de Morningstar), la méthodologie de construction de certains indices ignore un certain nombre de titres et peut mélanger des titres purement « value » avec d’autres qui le sont en fait moins. Certains fournisseurs tentent de pallier ces difficultés. Une approche plus pertinente est de passer par des gestions plus actives.
Quels ETF recommanderiez-vous face au risque de hausse des taux d’intérêt ?
L’un des meilleurs moyens de se protéger contre une hausse des taux, si elle survient, est de privilégier les stratégies de type « short duration » qui privilégie la partie courbe de la courbe des taux d’intérêt (1-3 ans).
A mon avis, ces stratégies ont de bonnes chances de gagner en popularité dans les années à venir, car elles constituent le moyen le plus efficace pour réduire la duration d’un portefeuille (sa sensibilité à la variation des taux d’intérêt).
Malheureusement, c’est à peu près le seul type de stratégie disponible en Europe. Les approches à travers des taux variables ou des prêts ne sont pas encore développées en Europe, et illustre le retard du continent par rapport aux Etats-Unis.
Que pensez-vous du « smart beta » ?
Cela a été un vaste sujet de débat l’an dernier et le sera probablement encore quelque temps.
Ce type d’approche s’est développé par défiance à l’égard des fonds/indices construits à partir de la capitalisation boursière. L’objectif du smart beta est d’exploiter certaines inefficiences de marché que provoque justement la pondération par la capitalisation boursière.
Certains fournisseurs d’ETF se sont engouffrés dans la brèche en proposant des produits smart beta. Mais dans un environnement de hausse des marchés actions, il leur sera sans doute plus difficile de défendre l’intérêt de leur approche car elle a un coût. Là encore, 2014 sera une année test pour l'industrie.