Nouveau regain de tension sur les marchés émergents. La semaine dernière, les actifs émergents (actions, obligations, devises) ont connu un mouvement de vente massif, qui par extension a pesé sur l’ensemble des marchés financiers, avec comme corollaire une envolée des indices de volatilité (lesquels se situaient à des niveaux historiquement bas depuis plusieurs semaines) et un recul significatif des rendements obligataires et une remontée de l’or, signes d’une recherche de protection dans des « valeurs refuge ».
Incertitudes chinoises
Ce mouvement de vente est le fruit d’une conjonction de facteurs : un indicateur avancé d’activité (PMI) décevant en Chine, des interrogations sur son système financier parallèle (avec les interrogations sur la situation du trust CCT), la décision de l’Argentine de laisser flotter librement sa devise (laquelle a plongé de 15% en une semaine), de nouvelles tensions politiques en Ukraine… le tout à quelques jours d’une nouvelle intervention de la Fed, qui devrait réduire de nouveau à hauteur de 10 milliards de dollars ses achats mensuels d’actifs.
De tous ces événements, certains observateurs estiment que le cas chinois est le plus important. « Un PMI sous 50, avec des commandes faibles et des stocks qui gonflent, met en exergue un possible ralentissement de l’activité plus important que prévu », note Jan Loeys, responsable de l’allocation d’actifs global de la banque J.P. Morgan.
« Les inquiétudes sur la situation de la Chine sont les seules qui peuvent avoir des répercussions mondiales », renchérit Pablo Goldberg, responsable de la recherche sur les marchés émergents de HSBC.
Quatre groupes de pays
Pour la banque britannique, le monde émergent doit de plus en plus être analysé d’une manière segmentée, en distinguant quatre groupes de pays : les pays dont l’économie est mal gérée (Argentine, Venezuela, Ukraine) ; ceux qui affichent un lourd déficit courant et de l’inflation, dont les « cinq fragiles » (Brésil, Turquie, Indonésie, Inde, Afrique du Sud) font partie ; les pays en phase de reprise cyclique (Europe centrale, Mexique) ; et ceux qui bénéficient d’une dépréciation de leur devise (on y trouve des pays d’Asie et d’Amérique Latine comme le Chili, le Pérou, la Thaïlande et Israël).
Les conséquences de ce regain de tension devraient largement bénéficier aux actifs des pays développés. Tant que les pays émergents ne résorberont pas leurs déficits et que l’écart de croissance leur sera défavorable, les flux de capitaux continueront de sortir de ces pays.
Le seul argument de la valorisation ne peut donc suffire à s’intéresser à la classe d’actifs pour le moment, affirment les stratégistes de plusieurs banques. Et dans les pays développés, certains recommandent d’éviter les secteurs exposés aux marchés émergents, dont certains ont atteint des niveaux de valorisation exigeants (cas de la chimie, du luxe ou des biens de consommation courante).
En illustration: l'évolution du peso argentin sur un an