Pour SFR, la Bourse préfère Bouygues Tel

Le cours de Bourse du conglomérat prend plus de 8% quand Numericable cède près de 9%.

Jocelyn Jovène 06.03.2014
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Est-ce le début d’une bataille boursière que l’on n’avait pas vue depuis près de 10 ans (vous rappelez-vous de la bataille Sanofi-Aventis ou Arcelor-Mittal Steel ?) ?

En officialisant son projet de fusion entre sa filiale Bouygues Telecom et SFR, dans une transaction qui valoriserait le deuxième opérateur mobile français à 14,5 milliards d’euros hors synergies, Martin Bouygues, PDG du groupe éponyme, vient de marquer un point.

« Bouygues a les moyens de racheter SFR avec une dette nette/EBITDA pour le nouvel ensemble de près de 3x, [et] des synergies de près de 3,5 milliards d’euros », estiment les analystes d’Oddo Securities dans une note. Ils ajoutent toutefois : « Numericable reste selon nous le mieux positionné pour racheter SFR : moins risqué pour Vivendi de céder Numericable qui recevra facilement le feu vert des régulateurs, même si Bouygues semble prêt à céder son réseau mobile. »

Dans une transaction financée à 80% en numéraire et 20% en titres, Oddo estime que la relution pourrait atteindre 4%.

L’enjeu pour Bouygues n’est pas uniquement financier. La concrétisation d’un rachat de SFR se traduirait par un possible changement de statut boursier, pour peu que la cible soit bien intégrée et que les synergies promises soient réalisées.

A cette donne financière et stratégique s’ajoute une couche politique. « Il ne fait aucun doute à nos yeux que le gouvernement devrait interférer dans cette opération et s’assurer de l’engagement des repreneurs éventuels », notent les analystes de Natixis dans une note.

Kepler Cheuvreux s’interroge plus ouvertement sur le montant des synergies promises. « Un chiffre exagéré selon nous », affirme le courtier. Sur la base du montant de synergies avancé par Bouygues, l’impact de l’opération serait relutif à hauteur de 2 euros par titre. Sur la base des estimations du courtier (3,5 milliards en plus des 3 milliards déjà connus grâce à la mutualisation des réseaux), l’effet de l’opération serait dilutif à hauteur de 2,7 euros par action.

Il n’est pas non plus certain que cette concentration du secteur ait un impact positif significatif sur le revenu moyen par abonné, qui n’a cessé de reculer et dont la baisse s’est amplifiée avec l’arrivée de Free Mobile sur le marché français.

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Valeurs citées dans l'article

NomValeurVariation (%)Notation Morningstar
Bouygues28,26 EUR-1,12Rating
Orange SA9,43 EUR-0,95Rating
Vivendi SE2,52 EUR-2,81

A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.