L’opération de rapprochement entre Lafarge et Holcim par le biais d’une offre publique d’échange de 1 pour 1 action fait ressortir une prime de valorisation de 10% pour Lafarge, sur la base des justes valeurs estimées de chaque titre par Morningstar, écrit Elizabeth Collins dans une note datée du 7 avril.
« Nous prévoyons de réduire légèrement notre estimation de juste valeur de Holcim et de relever légèrement celle de Lafarge sur la base de la parité retenue », ajoute-t-elle.
« Nous ne prévoyons pas de modification de l’avantage concurrentiel des deux sociétés. Et à ce stade, nous ne pensons pas que la transaction crée beaucoup de valeur additionnelle. En d’autres termes, nous ne croyons pas que l’entité fusionnée vaut sensiblement plus que les deux sociétés prises séparément. »
Pour l’analyse, le seul motif de satisfaction est que l’opération n’ajoutera pas de dette au nouvel ensemble, alors que jusqu’ici, les producteurs de matériaux de construction avaient tendance à s’endetter lourdement pour réaliser des opérations de croissance externe (c’est le cas en particulier de Lafarge).
Mais Morningstar ne voit pas beaucoup d’avantages dans cette opération de rapprochement.
« La consolidation devrait aider à améliorer la profitabilité de l’entité fusionnée grâce à l’augmentation du pouvoir de négociation sur les prix, mais nous avons des doutes sur le fait que les autorités de la concurrence vont autoriser le nouvel ensemble à détenir des parts de marché significatives dans les pays où les doublons sont importants », estime Elizabeth Collins.
Le risque est donc que le processus de cessions d’actifs soit au final défavorable au nouvel ensemble, Lafarge et Holcim se retrouvant dans une situation de vendeurs forcés.
« La plupart des cessions vont intervenir en Europe, un marché difficile avec une demande atone et une profitabilité sous pression », observe l’analyste de Morningstar. « Ces actifs devraient attirer un moindre intérêt de la part d’acheteurs potentiels, et il sera difficile de les valoriser pleinement. »