Depuis le début de l’année, les marchés actions restent globalement orientés à la hausse, même si les performances sont relativement modestes pour le MSCI World (+1,1% à fin avril) ou le S&P 500 (+1,9%).
A la Bourse de Paris, l’enthousiasme des investisseurs est plus manifeste, avec un gain de 5% pour le CAC 40 (dividendes inclus) et de 9,4% pour le CAC Mid & Small.
Pourtant, l’une des raisons centrales pour détenir des actions en ce début d’année était l’anticipation d’une croissance soutenue des résultats. Or, du fait des incertitudes sur les économies émergentes et sur la croissance américaine (du fait notamment d’un hiver très froid), les anticipations de résultats en Europe ont été sensiblement revues à la baisse.
Alors qu’en janvier, les analystes anticipaient une croissance des profits de 13,5% en 2014, cette prévision a été ramenée à 8,8%. Corollaire de marchés en légère hausse, le PER moyen du Stoxx Europe 600 est désormais de 14,4x, soit 2,5 points au-dessus de sa moyenne des 10 dernières années.
« Les flux et l’appétit pour le risque plutôt que des fondamentaux expliquent la relative bonne tenue des marchés actions en Europe », écrivent les stratégistes d’Exane BNP Paribas dans une note datée du 28 avril.
Ces derniers observent une série d’éléments qui devraient conduire les investisseurs à une certaine prudence selon eux : des émissions record de dette à haut rendement aux Etats-Unis (et en Europe, cf l'émission record de Numericable), une affluence de capitaux d’investisseurs non-résidents (et à travers des ETF) vers les actions et obligations espagnoles, une recrudescence des achats à effet de levier des actions…
S’il y a bien une reprise de l’économie mondiale, celle-ci reste encore très faible, ce qui pourrait à terme soulever des interrogations sur la solidité de la croissance des profits des entreprises dans les mois et trimestres à venir.
Les stratégistes de Morgan Stanley sont un peu plus optimistes. Ils pensent que l’impact négatif des changes sur les résultats devrait s’atténuer et que l’amélioration de la conjoncture permettra un rebond plus sensible des profits au cours du second semestre (ce qui en temps des marchés est assez lointain).
Chez J.P.Morgan, Emmanuel Cau et Mislav Matejka partagent une vue similaire et recommandent la patience. « L’une des raisons qui expliquent la faible croissance des résultats jusqu’ici est que l’activité mondiale a été peu soutenue, les marchés émergents ayant pesé. Cette divergence se voit dans les publications de résultats : les sociétés domestiques résistent bien mieux que celles exposées aux marchés émergents », notent-ils dans une note datée du 28 avril.
Pour Morningstar, la valorisation des actions est raisonnable mais offre un potentiel d’appréciation limité. Dans les dernières perspectives sur les marchés actions, Lauren Adam soulignait le déséquilibre croissant entre le nombre de valeurs surévaluées et sous-évaluées – un déséquilibre que l’on retrouve à la Bourse de Paris (cf nos dernières listes de valeurs surévaluées et sous-évaluées).