Publicis et Omnicom Group ont acté jeudi soir l'échec de leur fusion à 35 milliards de dollars, sans le paiement de la moindre indemnité, alors que se multipliaient les rapports de presse évoquant des tensions dans la constitution de l'équipe de direction du nouvel ensemble et la multiplication des retards dans l'obtention de certaines autorisations.
Dans un entretien accordé au jounal Le Monde, Maurice Lévy nie tout "problème d'ego" entre lui et John Wren, le patron d'Omnicom, mais reconnaît un échec sur la nomination du directeur financier du nouvel ensemble. D'autres difficultés d'ordre fiscal (comme la domiciliation du nouvel ensemble) ou réglementaire ont ralenti le projet de fusion, qui devait aboutir fin 2013.
"Nous divorçons par consentement mutuel: personne ne porte la faute, d'ailleurs aucune indemnisation n'est prévue", déclare Lévy, alors que le "mariage" des deux groupes n'a pas été consommé.
"Nous pensions que nous arriverions à un accord en six mois et neuf mois plus tard nous avons ces difficultés qui nous retardent du fait de cultures d'entreprise différentes que nous n'avons pas été capables de résoudre", explique pour sa part le patron d'Omnicom dans le Wall Street Journal.
Ce que disent les brokers
Oddo Securities estime qu'il s'agit d'une "mauvaise nouvelle". "Le plan de route qui va maintenant être suivi par Maurice Lévy et ses équipes est clair, crédible et créateur de valeur", nuance néanmoins le courtier.
Si aucune indemnité n'est payée, l'opération a coûté de l'argent en termes de conseils notamment. "Nous connaissons la charge pour 2013 (52 millions de dollars) mais pas celle pour 2014. (...)", observent les analystes de Natixis dans une note.
A cela s'ajoute la prise en compte par le consensus des synergies de fusion qui avaient été chiffrées à 500 millions de dollars. "Le cours avait déjà largement intégré ces difficultés liées à la fusion, mais il est probable qu'il baisse sur cette annonce", ajoute le courtier.
"Nous estimons aussi probable qu'il annonce aussi très rapidement une alternative stratégique, qui pourrait être une autre acquisition (mais sans aucun doute de plus petite taille) ou un retour de cash à l'actionnaire", estime en outre Natixis.
Chez Jefferies, on souligne que cet échec constitue une excellente nouvelle pour WPP, qui retrouve son titre de première agence publicitaire au monde. Toutefois, "comme le modèle de l'agence continue d'évoluer et est confronté à un environnement publicitaire qui change rapidement du fait de l'émergence du digital, cette nouvelle doit inciter à une certaine prudence."
Pour le broker, les gains de parts de marché de la part de plates-formes électroniques de trading et leur adoption croissante par les médias traditionnels comme les chaînes de télévision pourrait conduire à une pression sur les prix. Le secteur n'a donc pas terminé d'adapter son modèle économique à l'émergence d'un monde digital.