Les actions de la zone euro sont à privilégier dans une allocation d’actifs, au détriment du crédit et des obligations souveraines, a estimé mardi Serge Pizem, responsable des investissements multi classes d’actifs chez AXA IM.
Les actions toujours attrayantes
« En relatif, les actions de la zone euro sont encore intéressantes et en absolu elles offrent plus de valeur que les actions américaines », a-t-il déclaré au cours d’une conférence de presse. L’attrait de la classe d’actifs se justifierait par l’anticipation d’un rebond des profits des entreprises cotées en Europe.
« Le marché anticipe une reprise des marges qui permettra à la croissance des profits de rebondir », a analysé Serge Pizem. « Les entreprises se sont largement restructurées depuis la crise de 2008-2009. La moindre croissance du chiffre d’affaires entraînera un rebond bien plus important des résultats », a-t-il ajouté.
Dans l’univers des taux, le gérant privilégie plutôt les obligations indexées sur l’inflation, lesquelles intègrent des anticipations d’inflation particulièrement pessimistes à moyen terme.
« Les prix des obligations indexées sur l’inflation intègre une inflation durablement faible au cours des prochaines années. Nous pensons qu’il y a un excès de pessimisme et que la classe d’actifs représente une opportunité d’investissement. »
Le gérant a enfin une vue neutre sur le crédit, estimant que le portage peut rendre la classe d'actifs attrayante, mais qu'elle est correctement valorisée au regard du niveau des spread.
Reprise inégale en Europe
Pour Mathieu L’Hoir, stratégiste chez AXA Investment Managers, le « scénario d’une reprise inégale commence à prendre corps » en Europe. La reprise de l’activité devrait être confortée par le rebond de la consommation privée et de l’investissement, la première profitant d’une remontée des salaires réels et des indices de confiances des ménages et le second de la nécessité pour de nombreuses entreprises de reconstituer leur capital productif.
Pour 2014, AXA IM anticipe une croissance de 1,2% en zone euro, avec des écarts de performance significatifs (+2% pour l’Allemagne et +0,6% pour l’Italie ou +0,8% pour la France et l’Espagne).
La BCE doit agir
Mais le principal enjeu à court terme pour les marchés concerne la manière dont la BCE va agir, après avoir beaucoup parlé. Le risque déflationniste semble très faible pour AXA IM, malgré les derniers chiffres d’inflation dans la zone euro (+0,5% pour l’inflation publiée, +0,7% pour l’inflation hors alimentation et énergie ou inflation « core »).
Le stratégiste estime que la BCE baissera ses trois taux (directeur, de dépôt et de refinancement), mais qu’elle n’ira pas jusqu’au rachat d’obligations souveraines des pays de la zone euro. Elle devrait en revanche utiliser des mécanismes d’injection de liquidités (LTRO conditionnel ou relance du marché des ABS – des hypothèses largement anticipées par le marché). Ces opérations devraient notamment aider à réduire la taille du bilan des banques européennes et à canaliser le crédit bancaire vers les PME qui sont un maillon très important de la reprise.
« Si la BCE n’agit pas, l’euro remontera vers 1,40 dollar et risque d’aller encore plus haut, ce qui accentuera les pressions déflationnistes en zone euro », avertit le stratégiste.