Le rapide survol de l’évolution des marchés depuis 2003 montre que trois éléments jouent un rôle important dans l’évolution des indices : les multiples de valorisation, la croissance des résultats et le dividende.
Cette « mécanique » s’articule de la façon suivante:
Source: Morningstar.
La performance d’un titre/indice (ou son « rendement total) repose sur deux éléments :
- l’appréciation du capital (l’augmentation du cours de Bourse), qui résulte elle-même de deux éléments : l’évolution des multiples de valorisation (P/E ou PER ici), qui est plus le reflet de la psychologie du marché, et la croissance des résultats, élément plus fondamental donc directement reflet de la stratégie de l’entreprise ;
- le rendement du dividende, reflet de la politique de distribution de l’entreprise, qui est du ressort de l’assemblée générale, pour les entreprises dont la gouvernance est saine et joue vraiment le rôle de défense des intérêts de tous les actionnaires.
Avec cette grille de lecture, l’évolution des marchés est plus facile à analyser et à comprendre.
Elle permet en effet de montrer que ce qui fait l’évolution d’un cours de Bourse est un mélange de facteurs intangibles et psychologiques, qui se reflète notamment dans les ratios boursiers, et des éléments plus tangibles, liés aux performances financières des sociétés cotées.
Pour aller plus loin, l’évolution des profits doit s’analyser de manière détaillée, en prenant en compte l’effet des marges (combien d’euros sont générés par unité de chiffre d’affaires) – avec en sous-jacent la notion de « retour à la moyenne » (actuellement aux Etats-Unis, les marges des entreprises sont supérieures à leur moyenne historique, ce qui fait craindre un recul des marges et des profits en cas d’inflation salariale par exemple) – et d’autres éléments comme le levier financier (niveau d’endettement) ou les taxes.
L’importance de la valorisation
L’histoire récente a montré l’importance des multiples de valorisation, en particulier depuis 2012. Malgré l’absence de croissance bénéficiaire, le Stoxx Europe 600 s’est fortement apprécié grâce à l’expansion des multiples de valorisation (pour rappel : le P/E de l’indice était de 10,1x en juillet 2012 et de 15x en juin 2014).
Cet aspect de valorisation est extrêmement important, car il joue un rôle déterminant dans la rentabilité future d’un placement. Cela semble plein de bon sens, mais lorsque les marchés montent, les investisseurs tendent à oublier l’importance de cet élément.
Ainsi, de nombreux travaux ont montré que le rendement futur d’un titre est d’autant plus grand qu’il est acheté sur la base des multiples faibles.
Ceci explique pourquoi certains investisseurs célèbres affichent des historiques de performances remarquables : ils font attention au prix qu’ils paient pour toute chose et tiennent toujours compte d’une marge de sûreté, c’est-à-dire d’une décote par rapport à la valeur intrinsèque de l’actif qu’ils achètent.
Le dividende, un facteur de stabilité
Sur longue période pourtant, le dividende n’est pas un élément à négliger. Or qu’est-ce que le dividende, sinon la fraction du bénéfice généré par l’entreprise qui est distribué aux actionnaires ? C’est donc le produit d’un taux de distribution (payout) et du bénéfice par action (EPS en anglais ou BPA en français).
Dans son livre Active Value Investing, Vitaliy Katsenelson explique que dans les périodes de marché sans tendance (« range-bound »), les dividendes expliquent 90% du rendement total des actions.
Ainsi, depuis 2001, le rendement moyen des actions composant l’indice Stoxx Europe 600 a été de 3,2% sur la base des résultats publiés et de 3,5% sur la base des résultats attendus lors des 12 prochains mois.