La chute des taux longs a profité aux portefeuilles obligataires l’an dernier. Mais elle a aussi constitué un casse-tête pour l’allocation d’actifs des investisseurs institutionnels, qui ont dû chercher des alternatives aux obligations souveraines pour trouver du rendement.
Le casse-tête est particulièrement compliqué pour les institutionnels français, que 73% des allocations sont constitués de produits de taux, contre seulement 14% pour les actions.
« Les placements obligataires ont vocation à rester une composante importante des fonds de pension. Or cette situation est problématique dans un environnement de taux durablement bas, puisque les placements qui offraient des rendements raisonnables de 3-4% sont aujourd’hui remplacés par des titres qui rapportent beaucoup moins », explique Philippe Desfossés, directeur général de l’ERAFP.
« Pour les acteurs qui ont un passif très long, la seule option est de pouvoir aller sur des placements offrant de meilleurs rendements », ajoute-t-il.
Le portefeuille de l’ERAFP est composé à hauteur de 65% par des obligations, de 2% d’immobilier (l’allocation peut être portée à 10%) et le reste vient de produits à revenu variable (actions, multigestion, non coté). L’ERAFP milite d’ailleurs pour pouvoir accroître la part de produits à revenu variable compte tenu d’un horizon de placement relativement long et de la situation particulière du fond de pension – qui va recevoir 2 milliards d’euros par an pendant 10 ans.
Cette situation, plutôt enviable, n’est pas celle d’autres fonds de pension en France. Face à des taux en baisse, les institutionnels français cherchent à étendre leur univers. C’est par exemple le cas du Fonds de Réserve pour les Retraites (FRR).
Olivier Rousseau, membre du comité exécutif, explique : « Aujourd’hui, nous réfléchissons à l’élargissement de notre univers d’investissement qui soit cohérent avec la volonté des pouvoirs publics de promouvoir le financement de l’économie. Nous ne pouvons pas encore investir dans des classes d’actifs comme les infrastructures, l’immobilier ou le capital-développement, ce qui pourtant ferait sens. »
Pascal Blanqué, CIO d’Amundi, acquiesce : « les investisseurs institutionnels peuvent considérer un certain nombre d’options s’ils veulent diversifier leur allocation et générer plus de rendement. La première option est l’immobilier, qui est déjà dans certaines allocations et dont la part augmente. Il y a également un intérêt croissant pour les prêts et les infrastructures », explique-t-il.
Les investisseurs regardent également du côté du crédit, tant sur la catégorie investissement que sur le haut rendement. Mais tous ne peuvent pas s’y exposer, souvent pour des raisons statutaires. Il y a enfin la dette émergente, de préférence en dollars, et, bien sûr, les actions.
A travers certaines classes d’actifs, les institutionnels cherchent à répondre, à la demande des pouvoirs publics, aux besoins de financement de l’économie française ou à des problématiques environnementales.
« Aujourd’hui, nous réfléchissons à l’élargissement de notre univers d’investissement qui soit cohérent avec la volonté des pouvoirs publics de promouvoir le financement de l’économie », explique Olivier Rousseau. « Nous ne pouvons pas encore investir dans des classes d’actifs comme les infrastructures, l’immobilier ou le capital-développement, ce qui pourtant ferait sens », ajoute-t-il.
La thématique ISR est également bien présente dans la construction des allocations. Le FRR a ainsi participé au lancement de fonds décarbonés en partenariat avec l’américain MSCI, Amundi et le fonds suédois AP4.