C’est presqu’historique. Jamais au sein de la zone euro, le rendement moyen des actions n’a été aussi élevé par rapport au rendement des obligations. Comme l’illustre le graphique ci-après, le rendement moyen de l’indice Euro Stoxx atteignait 3,5% fin 2014 contre un rendement à 10 ans des obligations de la zone euro à 1,45%.
Rendement attrayant
La chute des rendements obligataires, qui s’est poursuivie depuis le début de l’année dans l’anticipation du « QE » de la Banque centrale européenne, n’a guère changé la situation. Depuis le début de l’année, les actions de la zone euro ont gagné 3,6%, ramenant le rendement du dividende à 12 mois à 3,3%.
Le « spread » entre rendement du dividende et rendement obligataire est clairement à l’avantage des actions.
Source : BCE, Factset, Morningstar.
Mais cela ne doit pas faire oublier aux investisseurs que le rendement d’une action n’est pas garanti, contrairement au rendement d’une obligation, qui plus est souveraine. Il est donc important de s’assurer que la société qui propose un rendement du dividende attrayant a les moyens de maintenir un tel rendement dans la durée.
Différences sectorielles
Il suffit de se rappeler qu’il y a quelques années, le rendement des « utilities » ou des valeurs télécoms atteignait des niveaux élevés, mais sur fond de sous-performance des deux secteurs par rapport au reste du marché. Acheter des utilities ou des télécoms pour leur rendement n’était pas vraiment une affaire.
La baisse du coût de financement l’an dernier a largement profité à ces deux secteurs, fortement endettés.
Si l’on regarde aujourd’hui, le rendement moyen par sous-secteurs, on se rend compte que c’est le secteur de l’énergie (pétrole et gaz) qui offre un rendement très attrayant (6%) en apparence, mais pour une raison.
La chute du cours du pétrole va peser sur la rentabilité du secteur (les profits sont attendus en recul de 20%) et la rentabilité est prévue à 7,3% contre 10,2% pour l’ensemble du marché. Ces deux éléments devraient donc inciter à la prudence, car la chute des profits peut signifier l’obligation de couper le dividende pour les compagnies qui n’ont pas de marges de manoeuvre financière.
Source : Factset, Morningstar.
Attention à la valorisation
Si le rendement du dividende est en apparence intéressant, en particulier par rapport aux obligations, il faut noter qu’à l’échelle du marché, les actions européennes se sont déjà bien appréciées.
Une façon de l’illustrer est de regarder l’évolution du rendement bénéficiaire (l’inverse du ratio cours sur bénéfice) du marché et de le comparer au rendement obligataire. Là encore, il y a un écart qui montre bien qu’en relatif les actions sont plus attrayantes que les obligations, dans une perspective de long terme.
Mais le rendement bénéficiaire a eu tendance à décroître depuis l’automne 2012, peu après les premières déclarations du patron de la BCE, Mario Draghi, qui avait affirmé son intention de tout faire pour sauver l’euro.date justement du début du rallye des actions en zone euro.
Source : BCE, Factset, Morningstar.
Depuis cette date, la performance des marchés actions en zone euro a été surtout alimentée par la baisse des primes de risque.
C’est toujours le cas. Le problème des marchés d’actions européen est que la croissance des profits n’a toujours pas joué de rôle moteur. L’espoir en 2015 est que justement, grâce à la baisse de l’euro et du cours des matières premières, les profits des entreprises européennes rebondissent et que les actions européennes trouvent une nouvelle jambe pour performer.