« 2013 était l’année de la baisse des rendements. 2014 a été l’année de l’absence de rendement. Lorsque nous réfléchissons à 2015, nous pensons que l’enjeu ce sont les rendements négatifs », écrivent les stratégistes taux de Bank of America Merrill Lynch dans une note datée du 21 janvier.
Pour preuve, en voici quelques illustrations : le volume d’obligations gouvernementales générant un rendement négatif – c’est-à-dire que les investisseurs doivent payer pour les détenir – dépasse les 2 billions d’euros au Japon et atteint 1,4 billion d’euros en zone euro.
L’annonce d’un programme d’achats d’obligations gouvernementales dans un pays ou une région est un facteur puissant de demande d’obligations. Mais ce n’est pas le seul. A plus long terme, le vieillissement de la population et les départs en retraite de nombreux salariés des pays développés créent une demande naturelle pour des obligations souveraines.
Face à cela, la réduction des déficits publics conduit les gouvernements les plus vertueux à émettre moins de dette sur les marchés, ce qui peut amplifier le mouvement de repli des taux et d’appauvrissement du vivier obligataire.
Les investisseurs sont donc incités à aller voir ailleurs. Le problème est qu’en fonction de leurs statuts ou de la réglementation, ils ne peuvent pas toujours regarder n’importe où.
La situation pourrait toutefois évoluer, au moins à la marge. Déjà au Japon, le gouvernement a demandé au plus gros fonds de pension public du pays (GPIF) de revoir son allocation en privilégiant les actions (japonaises et internationales) au détriment des obligations (qui sont rachetées en fait par la Banque du Japon).
Mais dans le même temps, d’autres banques centrales ont décidé de réduire leurs achats d’obligations d’autres pays. C’est le cas de la Banque Nationale Suisse, qui était par exemple un gros pourvoyeur de liquidités sur le marché obligataire français.
Le marché obligataire des pays développés va donc évoluer au gré des décisions des banques centrales, de la réglementation et de la démographie (à plus long terme). A plus brève échéance, ce sont bien sûr les banques centrales qui ont la main. L’annonce de la BCE attendue ce jour est donc cruciale à cet égard.
De l’avis général, il y a néanmoins de bonnes chances que les taux restent bas encore un certain temps, sauf à considérer une accélération durable de la croissance mondiale (ce qui reste encore difficile à imaginer après les dernières annonces du FMI).
Le casse-tête de la diversification des portefeuilles obligataires est donc loin d’être résolu.