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Après la BCE, qu’attendre des marchés?

Quelques pistes de réflexion sur les différentes classes d’actifs après l’annonce d’un « QE » de 1.140 milliards d’euros par la BCE.

Jocelyn Jovène 23.01.2015
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Objectif atteint ! L’annonce du « QE », en ligne avec les attentes du marché, est une très bonne nouvelle pour les actions. L’évolution récente des flux et la montée des indices européens montrent que les investisseurs avaient déjà bien anticipé la nouvelle : l’indice Stoxx Europe 600 gagne 5,1% cette semaine, avec un bond de 8% pour le secteur automobile, de 6,7% pour les services financiers, 6,6% pour les télécoms, 6,5% pour le secteur des loisirs, 6% pour les banques…

Les brokers saluaient la nouvelle jeudi et vendredi matin. Selon Société Générale, « les investisseurs sont bien conscients de la performance solide des actions domestiques pendant un QE aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et au Japon. Attendez-vous à ce que les actions de la zone euro surperforment les Etats-Unis et les autres machés européennes (UK, Suisse, Nordiques). »

Goldman Sachs s’attend à ce que le QE alimente une baisse de la prime de risque actions et une remontée des indices et des multiples de valorisation.

Barclays pense que le « sentiment négatif à l’égard des actions européennes devrait commencer à évoluer. »

Chez Credit Suisse, de multiples mécanismes de transmission, déjà bien connus, vont profiter aux actions européennes : baisse de l’euro, repli des rendements obligataires qui favorisent l’immobilier, et la baisse du coût de financement pour les PME. « QE survient à un moment où les indicateurs avancés de la zone euro se retournent, comme cela a été le cas aux Etats-Unis », rappelle la banque dans une note.

Morgan Stanley avait déjà communiqué sur le sujet, mais rappelait jeudi que l’impact positif pour les indices boursiers européens devrait être d’au moins 8% au cours des 6 prochains mois.

Taux & Crédit

Les 1.140 milliards d’euros d’actifs que doit racheter la BCE dans un premier temps représentent 12% du PIB de la zone euro et 14% du marché obligataire – deux chiffres qui se comparent « favorablement » à ce qui s’est fait aux Etats-Unis ou au Japon, selon Morgan Stanley. Le programme s’étendant sur deux ans, la proportion de dette brute émise qui sera rachetée (54%) est similaire à celle observée dans les autres régions du monde.

La banque estime que l’impact le plus fort se fera au Portugal, en Allemagne et en Finlande.

Sur le marché du crédit, Goldman Sachs pense que le programme de la BCE pourrait davantage favoriser les titres américains que les titres européens, pour au moins deux raisons. La baisse des taux va pousser la recherche de rendement dans l’univers des actifs américains ; en outre la baisse de l’euro va encourager les investisseurs à s’intéresser davantage aux émissions de dette corporate en dollars plutôt qu’en euro.

UBS considère que le programme est une bonne nouvelle pour le crédit, même s’il ne concerne pas au premier chef les obligations privées. « Cela signifie qu’il restera du jus pour les spreads tout au long de l’année, voire également prochain », estime la banque dans une note.

Société Générale partage cette analyse, estimant que les sommes injectées par la BCE trouveront leur chemin, in fine, sur les marchés des obligations « investment grade » et « high yield », les investisseurs étant poussés à prendre plus de risque. Cette situation est positive pour les spreads, qui se resserreront, mais négative pour la liquidité, note toutefois la banque dans une note.

Devises

Peu de surprise sur ce thème : l’euro va poursuivre sa glissade face au dollar. « La divergence des politiques monétaires, le différentiel de croissance entre les Etats-Unis et le reste du monde, l’augmentation des flux soutiennent notre anticipation d’une hausse de 8% de l’indice US TWI », écrit Morgan Stanley dans une note. La banque voit la parité euro-dollar à 1,05 d’ici la fin de l’année (la livre serait à 1,38 et la parité dollar-yen à 127).

UBS voit le taux de change euro-dollar atteindre la parité (1 pour 1) d’ici 3 mois. « Ce qui compte le plus est la taille [du programme] et le fait que Mario Draghi a réussi à éviter toute opposition fondamentale au sein du conseil [des gouverneurs] », observe la banque suisse.

Elle estime également que l’or devrait sortir vainqueur de cette annonce. Si la recherche de valeurs refuge devrait ralentir à court terme, le cours de l’or pourrait monter avec la perspective d’élections en Grèce qui pourraient recréer de la volatilité sur les marchés. Ce vendredi, le cours de l’or gagnait 0,5% à 1.300 dollars l’once.

 

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.