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Allocation d’actifs: l’Europe domine au détriment des Etats-Unis et des émergents

Les actions sont surévaluées, le risque de bulle pointe le bout de son nez, mais les investisseurs privilégient toujours fortement la classe d’actifs, en particulier la zone euro.

Jocelyn Jovène 23.03.2015
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Une fois encore, il y a un monde entre l’allocation géographique des portefeuilles institutionnels, les mouvements de flux et la réalité économique. Si la croissance économique est bien repartie outre-Atlantique et tarde à donner des signes plus rassurants en Europe, cette situation n’est pas reflétée dans les portefeuilles.

Les investisseurs allouent une part croissante de leur allocation aux actions européennes, au détriment des actions américaines et émergentes, selon la dernière enquête de Bank of America Merrill Lynch. « L’allocation aux Etats-Unis est passée d’une surpondération de 6% à une sous-pondération de 19% en mars », écrivent les stratégistes de la banque dans une note publiée le 17 mars.

Au cours du mois, les investisseurs ont sensiblement réduit la part des actifs américains, du secteur de la consommation défensive, du cash, de l’énergie et des émergents dans les allocations, les fonds étant réaffectés vers les banques, les matériaux de construction et la technologie.

La surexposition aux actions européennes par rapport aux actions émergentes est la plus importante depuis que le sondage existe. « Un investisseur contrarien devrait se mettre long sur les émergents et vendre à découvert les actions de la zone euro », observent-ils.

Le dollar reste la classe d’actifs la plus jouée dans les marchés, selon un part très majoritaire des investisseurs interrogés lors de l’enquête (mais cette proportion a décru au cours du mois écoulé).

Interrogés sur l’action à venir de la Fed, les investisseurs sont 34% à anticiper une hausse de taux au cours du deuxième trimestre tandis que 41% la voient au cours du troisième trimestre 2015.

Parmi les facteurs de risque identifiés, les investisseurs pointent toujours en majorité les tensions géopolitiques et des situations de défauts de crédit en Chine. En revanche, la thématique de la déflation, fortement crainte il y a quelques mois seulement, disparaît peu à peu des écrans radars.

Elle est remplacé par le risque de bulle sur les actions pour 12% des sondés après un resserrement trop tardif des taux par la Fed (13%) ou un risque de défaut dans un pays émergents (34%).

Près de 20% des investisseurs pensent que les marchés mondiaux d’actions sont désormais surévalués, soit le niveau le plus élevé depuis mai 2000… Malgré cela, 58% des sondés privilégient les actions dans leur allocation, tandis que les obligations sont toujours fortement sous-pondérées (54% des sondés).

Signe des temps et des craintes de surévaluation des actions mondiales, la part de la gestion alternative dans les allocations s’est nettement accrue le mois dernier – reproduisant une évolution que Merrill Lynch avait observée à l’été 2008, avant l’effondrement des marchés financiers.

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.