Evoquer l’importance des liquidités ou du « cash » dans une allocation d’actifs peut surprendre dans un environnement de taux zéro. Les flux vers les fonds monétaires montrent pourtant que cette classe d’actifs a regagné de l’intérêt aux yeux des investisseurs.
Selon la dernière étude de Morningstar sur les flux de fonds à l’échelle mondiale, la catégorie a collecté 84 milliards de dollars l’an dernier après avoir décollecté à hauteur de 9 milliards en 2013.
S’il ne rapporte plus rien aujourd’hui, le cash ne présente presque aucun risque (en dehors de celui de « débasement » de la monnaie en cash d’hyperinflation) et peut donc présenter un intérêt dans une allocation.
Cela est particulièrement vrai lorsqu’un nombre croissant de classes d’actifs voient leurs niveaux de valorisation s’apprécier alors que de nombreux prix d’actifs sont manipulés par les banques centrales (sans que cela ne dérange trop de monde).
Dans cet environnement de baisse des primes de risque, de baisse de la volatilité et de complaisance croissante à l’égard des classes d’actifs considérées comme les plus sûrs (qui imagine devoir payer pour détenir du Bund à un horizon de 5 ans ?), détenir des liquidités a un inconvénient : il ne rapporte rien et surtout réduit la capacité de participer à la hausse des marchés.
Mais lorsque la valorisation présente un risque et que l’aversion au risque tend à baisser, détenir du cash est le moyen le plus simple pour protéger au moins partiellement une allocation d’une brutale correction de marché (rappelez-vous de l’épisode d’octobre dernier).
C’est d’ailleurs la position adoptée par certains gérants qui, confrontés à la raréfaction des opportunités d’investissement, préfèrent « garder de la poudre au sec » pour les employer lors de la prochaine phase de consolidation des marchés. Aux Etats-Unis, certains gérants comme IVA ou First Eagle peuvent détenir une part importante de cash considérant qu’ils manquent d’opportunités.
Dans une « ode à la joie du cash » écrite en juin 2011, James Montier, de l’équipe d’allocation d’actifs de l’américain GMO, observait :
« Du fait de sa duration nulle, le cash se comporte mieux que les obligations en période d’inflation. (…) C’est aussi une assez bonne protection contre la déflation. A l’évidence, quand les prix baissent, le cash gagne en termes réels. Bien sûr, les obligations à duration longue font encore mieux. »
En fait, comme l’écrit Montier, le cash révèle toute sa valeur et son importance dans les phases d’illiquidité des marchés. Or, si l’on peut difficilement parler d’illiquidité aujourd’hui, il y a bien une diminution de la liquidité, qui s’explique à la fois par les politiques d’achats d’actifs des banques centrales (le fameux « QE ») et par la réglementation qui oblige banques et assureurs, traditionnels pourvoyeurs de liquidités sur les marchés financiers, à détenir plus de capital et donc à moins jouer leur rôle de teneurs de marché.
Le cash est l’un des outils qui permet de protéger un portefeuille. Ce n’est pas le seul. Les options, les futures, la volatilité sont des outils qui permettent également d’atténuer le risque. Mais mal utilisés ils peuvent aussi l’amplifier.