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L’importance de la liquidité – Howard Marks

La liquidité est un peu comme l'air. C'est lorsqu'elle disparaît que l'on comprend son importance.

Jocelyn Jovène 27.03.2015
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Depuis quelques temps, certains investisseurs observent une diminution de la liquidité sur les marchés, c’est-à-dire de la facilité à acheter ou vendre des titres financiers.

L’une des raisons souvent invoquées derrière ce problème est la mise en place d’une réglementation de plus en plus restrictive pour le secteur bancaire, qui a conduit de nombreux établissements à réduire, voire fermer leur activité de teneur de marché pour de nombreuses classes d’actifs.

Mais la question de la liquidité est beaucoup plus large, comme le rappelle Howard Marks. Dans son dernier mémo, le patron du fonds d’investissement Oaktree Capital, rappelle que la liquidité est le moins dont on comprend l’importance lorsqu’elle n’est plus là.

« Il y a généralement beaucoup de liquidité pour ceux qui veulent vendre quand les prix montent ou acheter quand les prix baissent. C’est une bonne nouvelle, car la plupart du temps, c’est la bonne attitude à adopter. »

Malheureusement, ce n’est pas l’attitude de la plupart des investisseurs, qui attendent généralement que le prix d’un actif ait bien monté pour l’acheter (s’exposant au passage à un risque de perte en capital) ou que son cours se soit effondré pour le vendre.

De manière générale, explique Marks, la liquidité révèle toute son importance lorsqu’elle disparaît. Comment la définir simplement ? Marks reprend la définition du site investopedia : « le degré avec lequel un titre peut être acheté ou vendu sans affecter son prix », la partie la plus importante de la proposition étant celle sur l’impact sur les prix de marché.

Or, comme l’écrit Marks, « lorsque le désir de vendre un actif augmente, généralement sa capacité à le vendre décroît. »

La pire situation est celle où un grand nombre d’investisseurs veut sortir en même temps d’une classe d’actifs. C’était le cas en janvier dernier lorsque la BNS a soudainement supprimé son cours plancher du franc suisse face à l’euro. C’était encore le cas en mai 2013 lorsqu’en évoquant la fin du « QE », la Fed avait provoqué un mouvement de panique sur les marchés émergents forçant des investisseurs à sortir avec une perte de ces marchés.

Le cas le plus critique a été celui de la crise de 2008, quand des investisseurs ont été obligés des liquider des pans entiers de leurs portefeuilles pour pouvoir répondre aux demandes de leur clients de retirer leur argent. La règle d’or était alors : « le cash est roi ».

Et comme l’écrit le patron d’Oaktree Capital, « au bon moment, les investisseurs peuvent gagner beaucoup d’argent en étant simplement capable de fournir la liquidité (ou en acceptant l’illiquidité). » C’est avec son adage : « Ayez peur quand tout le monde est avide et soyez avide quand tout le monde a peur », que Warren Buffett a fait fortune.

Cet adage était d’actualité en octobre dernier pendant la dernière phase de correction des marchés financiers.

La liquidité ou l’illiquidité n’est pas un état permanent. Elle peut venir et s’en aller.

En revanche, « la liquidité n’est pas gratuite. Elle a un coût d’opportunité, qui est en général le fait d’abandonner une source de rentabilité. »

C'est actuellement le dilemme que rencontrent les investisseurs qui s'inquièteraient d'une montée des risques dans les marchés. Détenir d'importantes quantités de cash est aujourd’hui contre-productif, sauf à considérer que les Bourses vont prochainement corriger.

Cela conduit à évoquer un des autres enseignements de Howard Marks : l’attention au risque, sujet qu’il a abordé au cours de la conférence européenne de Morningstar à Amsterdam.

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.