En l’espace de quelques trimestres, les investisseurs américains, prudents jusuq'alors à l’égard des actifs européens et notamment des actions, ont changé radicalement d’attitude.
Derrière ce changement, il y a tout d’abord le « QE » de la BCE, qui a servi de révélateur pour un nombre croissant d’investisseurs que la reflation des actions européennes n’en était peut-être qu’à ses débuts (même si elles affichent désormais des niveaux de valorisation plus raisonnables).
« Le QE de la BCE a changé la donne pour beaucoup et le sentiment que les actions européennes ont encore un potentiel de surperformance par rapport aux Etats-Unis est largement répandu », écrivent dans une note du 20 avril les stratégistes de Deutsche Bank, de retour de deux semaines de rencontre avec des investisseurs particuliers et institutionnels aux Etats-Unis.
Au-delà de la BCE, il y a aussi depuis plus récemment des statistiques économiques qui s’améliorent en Europe, un discours des entreprises plus optimiste – à la faveur de la baisse de l’euro, du cours des matières premières, et de perspectives économiques mieux orientées.
Les stratégistes de Deutsche Bank sont revenus avec les observations suivantes, qu’ils ont consignées dans leur note :
1. l’attrait pour les actions européennes s’exprime avant tout par des flux vers des produits de gestion passive (ce que confirment les données de Morningstar) même si un regain d’intérêt pour la gestion active se manifeste ;
2. Les investisseurs particuliers font évoluer leur allocation aux actions européennes de « sous-pondérer » à « surpondérer » ; les institutionnels, qui sont déjà exposés aux actions européennes, sont plus dans une logique de positionnement (actions de la zone euro ou actions européennes) ;
3. L’attrait le plus fort est exprimé par les hedge funds qui ont une forte surpondération sur l’Europe, et qui sont plus dans une logique d’arbitrage sectoriel. Ces gérants très agiles semblent opérer une rotation des valeurs « de type obligataire » (« bond proxies »), devenues très chères, pour privilégier plutôt des valeurs décotés (bancaires, produits de base, chimie, construction, énergie et pétrole).
En termes d’allocation sectorielle, les vues des investisseurs américains étaient, selon Deutsche Bank, plutôt prudentes sur les banques et la distribution, mais en revanche toujours très positives sur la consommation cyclique de préférence (médias, automobile, loisirs et voyages, produits d’hygiène et d’entretien).
Les facteurs de risque souvent évoqués en Europe (Grèce, Ukraine) ont suscité peu de débats outre-Atlantique.
En revanche, la baisse des rendements obligataires et la question de la liquidité des marchés est un vrai sujet d’inquiétude des investisseurs – institutionnels en particulier – qui souhaitent sortir des obligations pour accroître leur exposition aux actions.