C’est l'histoire d'une obstination qui pourrait coûter cher. Depuis plusieurs mois, les marchés savent que la Fed, après l’annonce de la fin du « QE », relèvera un jour ses taux. Le problème est qu’ils ont du mal à voir quand cela interviendra. Un sentiment qui évolue au gré des publications de statistiques économiques.
Fin 2014, l’accélération de la croissance américaine laissait augurer une hausse des taux dans le courant du premier semestre 2015, prévision confirmée par l’amélioration continue du marché du travail, très suivi par les membres du comité de politique monétaire.
Mais depuis, les statistiques sont moins encourageantes et la perspective d’un relèvement des taux est repoussée dans le temps.
Pour les marchés, la lecture de l’action à venir de la Fed est difficile et se traduit par l’écart entre ce qu’attend le marché et ce qu’a prévu de faire la banque centrale américaine.
Depuis plusieurs mois, de nombreux investisseurs s’inquiètent de ce décalage entre les attentes du marché et l’action de la Fed. Certains y voient même la source d’un regain de volatilité voire d’une correction brutale des marchés obligataires (comme en 1994 ou en 2004), l'onde de choc n'épargnant pas les autres classes d'actifs.
Que se passe-t-il ? Aujourd’hui, les prévisions des membres du comité de politique monétaire concernant l’évolution des taux sont les suivantes. Fin 2015, les taux devraient être à 0,62%, à 1,87% fin 2016 et 3,25% fin 2017. La vision du marché est bien plus optimiste : les taux devraient être à 0,33% fin 2015, 0,96% fin 2016 et 1,50% fin 2017. Un tel écart, s’il devait se combler rapidement, aurait des répercussions non négligeables sur les prix de marché, mais également sur l’économie.
Cette situation peut toutefois évoluer au gré des statistiques et l’espoir de nombreux investisseurs est qu’à partir du deuxième trimestre, l’économie américaine retrouve un rythme de croissance plus soutenu, après un premier trimestre pénalisé notamment par la météo (comme l’année dernière).
Un raffermissement de l’économie conduirait les investisseurs à anticiper une remontée plus rapide des taux que ce que prévoit le marché et un ajustement des taux serait alors envisageable.
Mais à ce jeu de « qui a tort, qui a raison », la Fed ou le marché sera l’un des perdants. Et la Fed, de par sa position, a sans doute moins à perdre que ceux qui parient au jour le jour sur l’évolution des taux.