Depuis le début de l’année, les valeurs européennes du secteur pétrole et gaz semblent respirer un peu : l’indice Stoxx Europe 600 Oil & Gas progresse regagne 12,4%, après avoir perdu 15% en 2014.
Mais il sous-performe le reste du marché, qui progresse de 16,5% depuis le début de l’année. Sur un an, l’écart de performance entre le secteur du pétrole et du gaz et l’indice élargi atteint près de 30 points de pourcentage. Il y a donc encore du chemin à parcours pour combler ce retard.
Récemment, rassurés par des perspectives de retour de la croissance économique en Europe et de retour de l’inflation aux Etats-Unis, aidés par l’annonce d’opérations de « megadeals » dans le secteur pétrolier (opération Shell/BG Group) et bien sûr par la remontée des cours du brut, les investisseurs ont commencé à se repositionner sur le secteur, tout en privilégiant plutôt à ce stade les sociétés de service (Petrofac, Tecnicas Reunidas, Fugro, TGS-Nopec ou CGG) que les pétrolières intégrées (à l’exception de Galp Energia, de BG Group ou d’ENI).
La hausse de l’indice masque en fait une nette divergence entre l’appréciation des multiples (le P/E du secteur a bondi de près de 26% depuis 2014), tandis que les estimations de bénéfice par action étaient largement revues à la baisse (d’environ 13%).
Ratio cours sur actif net du secteur Pétrole & Gaz en Europe
Source: Facstet, Morningstar.
Evolution des prévisions de rentabilité des fonds propres à 12 mois
Source: Facstet, Morningstar.
Bref, les analystes, peut-être par excès de pessimisme après l’effondrement des cours du pétrole l’an dernier, ont du mal à revoir à la hausse leurs estimations de résultat.
Cela peut s’explique par la situation du marché pétrolier, mais également par l’évolution des devises qui pénalise les profits des entreprises européennes.
Pourtant, les entreprises du secteur ont commencé à se restructurer relativement tôt : intensification des plans d’économies, coupes dans les budgets d’investissement, cessions d’actifs. Autant d’éléments qui devraient contribuer à une amélioration future de la trésorerie disponible.
Les investisseurs se montrent très sélectifs, comme on l’a vu. Les compagnies pétrolières intégrées ont du mal à attirer les capitaux : Statoil ne gagne que 9,5% depuis le début de l’année, Total 8,1%, Repsol 7,4%, BP 6,9%. Royal Dutch Shell chute de 15%, sans même parler du plongeon de 97% d’Afren.
La perspective d’une stabilisation du marché pétrolier et d’un retour des cours de pétrole vers des niveaux plus normalisés seraient de nature à maintenir les cours, voire à enclencher un mouvement de révision en hausse des prévisions de résultat.
Mais elle semble encore loin de pouvoir se concrétiser, au moins tant que les disputes géopolitiques entre pays du Golfe, Etats-Unis et autres pays producteurs (Iran, Russie…) n’auront pas été totalement résolues.