Cet article a été initialement publié sur www.morningstar.com le 24 août 2015 et a été adapté pour l'audience française.
La panique s’est de nouveau emparée des marchés sur fond d’effondrement de la Bourse chinoise et du cours des matières premières. Les incertitudes sur l’action à venir de la Fed pèsent également.
Lorsque de tels événements surviennent, certains investisseurs ont l’impression d’une obligation à agir. Mais réagir sans réfléchir est le meilleur moyen de commettre des erreurs compromettantes pour sa gestion financière. Voici 5 étapes à suivre histoire d’être préparé et de ne pas faire n’importe quoi.
1. Vérifiez votre allocation et le niveau de vos liquidités
Si votre portefeuille est une source de revenus, vous devez vous assurer que le niveau de liquidités est adéquat par rapport à vos dépenses, au moins pour le court et moyen terme. Si vous devez procéder à un rebalancement de portefeuille pour récupérer des liquidités, vous pouvez le faire, mais de manière disciplinée. Vendez les positions qui ont évolué au-delà de vos objectifs et reconstituez celles qui sont en retard sur vos objectifs plutôt que de vendre bêtement vos actions au motif qu’elles ont baissé.
2. Réfléchissez sur votre plan de long terme
Si vous n’avez pas de besoin de liquidités de façon urgente, la meilleure chose à faire est de ne pas agir sauf si vos positions sont trop éloignées de vos objectifs d’allocation. Si vous touchez trop fortement à votre allocation, vos objectifs de long terme changent également. Avant d’agir, réfléchissez donc au nouveau portefeuille que vous allez constituer, et demandez-vous si la nouvelle allocation vous permettra d’atteindre vos objectifs d’ici 10, 20 ou 30 ans.
La plupart des gens qui préparent leur retraite doivent détenir une poche actions dans leur allocation qui leur permettra d’atteindre leurs objectifs financiers. A court terme, cela crée de la volatilité, mais c’est le prix à payer pour réaliser des performances plus enviables sur le long terme avec un portefeuille suffisamment diversifié.
3. N’oubliez jamais la valorisation
Après la correction de lundi, le marché actions américain était sous-évalué d’environ 10%, sur la base de l’estimation de la juste valeur des actions par la recherche des analystes Morningstar. En Europe, la décote était plutôt de 5% avant la chute des Bourses de lundi. Si la correction se poursuit, la marge de sûreté pour détenir des actions augmentera, ce qui constitue une bonne nouvelle pour les investisseurs de long terme.
Il faut se rappeler que vendre des actions quand les marchés baissent est la pire des décisions à prendre, à moins d’être un vendeur forcé (en raison d’appels de marge, par exemple). De manière générale, les mouvements de panique en Bourse sont des opportunités pour acheter des titres à bon compte, pour peu que l’on ait une idée claire de la juste valeur de ce que l’on achète.
Plus la valorisation d’un marché dans son ensemble est basse, meilleure est le potentiel de rendement sur le long terme. L’inverse est vrai des marchés haussiers et c’est un élément qui a été soulevé à de multiples reprises sur ce site.
4. Préparez-vous à la chasse aux bonnes affaires
Dans la droite ligne de ce qui précède, plus la décote sur l’estimation de juste valeur d’un titre de qualité (c’est-à-dire dont le « moat » est moyen ou élevé) est grande, meilleure est l’opportunité d’investissement. Au 21 août, l’estimation de juste valeur médiane des actions européennes faisait ressortir une décote médiane de 5%.
Mais derrière cette médiane se cachent bien évidemment des situations extrêmes de sous-évaluation (plutôt dans le secteur de l’énergie) ou de surévaluation (dans la santé par exemple).
Une correction peut offrir l’opportunité d’acheter à bon compte des titres de qualité. Il faut toutefois se rappeler que puisqu’il s’agit de titres de qualité, la décote offerte ne sera pas très importante (à moins d’un mouvement de panique comme en 2008 ou en 2011). Il faut donc faire preuve de prudence et se montrer très sélectif.
L’intérêt de combiner une note Morningstar élevée (4 ou 5 étoiles) et un avantage concurrentiel (« moat ») élevé peut aider à constituer ses premières lignes d’investissement. Voici un exemple réalisé sur les valeurs françaises début juillet, après la première phase de correction liée à la Grèce.
5. Le stress vous gagne ? Relâchez la pression
Disposer d’une soupape de sécurité n’est pas inutile lorsque l’on ne supporte vraiment pas la pression du marché. Céder par exemple 5% de sa poche actions pour disposer de cash peut être une solution de ce point de vue. Cela permet de relâcher la pression, tout en ne cédant pas à la panique et en vendant l’intégralité de ses positions.
Ne plus regarder les écrans ou les informations financières peut également aider à ne pas se laisser envahir par le bruit du marché. Il est important de rester informé, mais dans les phases de panique, le bruit produit par les médias et autres commentateurs financiers peut devenir assourdissant et conduire à prendre de mauvaises décisions.
Les phases de correction sont récurrentes sur les marchés financiers. Il faut savoir prendre du recul et se rappeler que si l’on fait les bons choix, en privilégiant des titres ou des fonds de qualité, sur le long terme, ces supports d’investissement devraient être en mesure de délivrer de solides performances pour votre portefeuille boursier.