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Santé : un monde qui change

Le secteur joue toujours un rôle défensif, mais multiples de valorisation et fondamentaux divergent et pourraient signaler un changement de régime boursier.

Jocelyn Jovène 25.09.2015
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Le secteur de la santé en Europe – qui regroupe une grande diversité d’acteurs (laboratoires pharmaceutiques, fabricants d’équipement médical, opérateurs de maisons de retraite, distributeurs spécialisés…) – affiche toujours une nette surperformance par rapport à l’ensemble du marché. Depuis le début de l’année, l’indice Stoxx Europe 600 Healthcare enregistre un gain légèrement supérieur à 11% contre 2% pour le Stoxx 600.

Dans la phase récente de baisse des marchés, le secteur a aussi joué un rôle défensif, avec une baisse de « seulement » 5,5% contre -12% pour l’indice élargi – une caractéristique que l’on a observé pendant les phases de volatilité sur les marchés, notamment en 2011 et en 2013.

Cette surperformance reflète tant la poursuite du mouvement de revalorisation du secteur, entamée à partir de 2009, et par la révision en hausse des estimations de résultats des entreprises qui le composent. Depuis le début de l’année, ces deux facteurs contribuent à également dans la performance du secteur.

Après avoir été largement boudé jusqu’à la crise financière de 2008, en raison notamment de pertes massives de brevets et de chiffre d’affaires associé, l’environnement de faible croissance économique, la multiplication des opérations de concentration dans le secteur pharmaceutique et l’intensification des efforts d’innovation (recherche de relais de croissance dans les émergents, la santé grand public, la santé animale ou les nouvelles technologies) ont permis aux valeurs pharmaceutiques et de santé de retrouver un trend de croissance bénéficiaire et de bénéficier d’un regain d’intérêt de la part des investisseurs.

Actuellement, le secteur se traite sur un multiple moyen de 18,5x, soit une prime de valorisation de 12% par rapport à sa moyenne historique (16,5x) et de 30% par rapport au reste du marché, qui se traite à un multiple de 14,2x (sur la base des résultats attendus au cours des 12 prochains mois).

Pour certains observateurs, cette prime pourrait perdurer car la croissance des profits est toujours là. Ainsi, la rentabilité du secteur pharmaceutique, qui représente près de 80% des valeurs composant le Stoxx 600 Europe Healhcare, devrait s’améliorer au cours des prochaines années, grâce notamment au doublement du nombre d’approbations par la FDA depuis 2007 (autorité de la santé américaine), aux lancements de nouveaux traitements et à l’amélioration de la productivité de la R&D des laboratoires. Ceux-ci utilisent de nouvelles techniques pour développer des molécules sur des thérapies plus ciblées, parfois plus difficiles à répliquer par les fabricants de génériques, et nouent des partenariats, en particulier avec les sociétés de biotechnologies très innovantes.

Tout ceci a donc un prix, y compris en Bourse. Mais dernièrement, le marché ne semble plus anticiper la même dynamique bénéficiaire que ces dernières années. Le niveau de rentabilité des fonds propres attendu ou de marge d’EBITDA prévu par les analystes est plutôt sur une tendance baissière, quand les multiples de valorisation ont eu tendance eux à s’apprécier.

Cela ne veut pas dire qu’il y a nécessairement une anomalie de marché qui pourrait se manifester par une baisse des valorisations. Mais à voir la baisse récente du secteur (même s’il surperforme le marché en général), il semble bien que les investisseurs s’interrogent sur la pérennité des profits et sur la capacité pour les entreprises du secteur à afficher des croissances de leurs profits en ligne avec leurs multiples de valorisation.

 

 

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.