2014 avait été une année particulièrement faste pour les fonds obligataires (vous pouvez relire l’analyse de l’année ici et là).
2015, en revanche, s’est révélée jusqu’ici une année beaucoup plus volatile, marquée par les incertitudes sur la croissance économique mondiale (qui n’a cessé d’être revue à la baisse), des anticipations d’inflation toujours faibles du fait notamment de l’effondrement du cours des matières premières et d’une divergence croissante des politiques des banques centrales, en particulier dans les pays développés.
La normalisation du 2 ans américain semble bien engagée depuis fin 2013, même si le manque de visibilité sur le processus de décision de la Fed a quelque peu surpris les investisseurs.
Pourtant, en tardant à relever ses taux directeurs, alors que l’économie américaine semble se raffermir, Janet Yellen prend le risque de devoir accélérer ou agir plus vite et plus fort qu’initialement communiqué aux marchés, ce qui aurait inévitablement des conséquences à l’échelle mondiale, et en particulier pour les pays émergents. Depuis le début de l’année, le rendement du 2 ans américain recule de 6 points de base à 0,63%.
Du côté du 10 ans, la normalisation des taux s’est brutalement arrêtée cet été, en raison des incertitudes sur la situation en Grèce, puis des inquiétudes sur la croissance économique chinoise. Là encore, le rendement à 10 ans des bons du Trésor a chuté de 15 points de base à 2,04% - pas vraiment en ligne avec la perspective d’un raffermissement de la croissance et une reprise de l’inflation.
Car les anticipations d’inflation n’ont pas cessé de ses détériorer. Selon les données de la Réserve fédérale, elles se situeraient aujourd’hui à 1,75%, encore loin des 2% d’inflation visés par la Fed. Certains observateurs estiment que retraités de la chute du cours du pétrole, les anticipations d’inflation seraient déjà légèrement au-dessus des 2%, mais ce qui est paradoxal, c’est que le marché n’intègre pas cet élément.
La situation est comparable en zone euro, où malgré les injections de liquidité de la BCE, la reprise du cycle du crédit et une croissance économique qui se raffermit légèrement, les anticipations d’inflation sont elles aussi sous pression. Les derniers chiffres d’inflation, en baisse de 0,1% en septembre, confirment l’impact du prix du pétrole (hors énergie et alimentation, l’inflation « core » était de 0,9%), phénomène qui pèse lui aussi sur les anticipations d’inflation (1,6% actuellement en zone euro).
On comprend dès lors pourquoi la BCE reste très vigilante et se montre prête à accroître son effort en matière d’achats d’actifs au-delà de septembre 2016.