On n’attrape pas un couteau qui tombe. Les stratégistes de Morgan Stanley diffèrent du reste du marché et recommandent dans une note publiée ce mercredi d’exposer les allocations aux actifs émergents et aux matières premières.
Ils s’attendent même à un rallye de fin d’année en Europe, après la violente phase de correction boursière entre avril et septembre (-17%).
Pour Graham Secker et son équipe, « alors que de nombreux investisseurs restent sur leur garde, nous pensons que les conditions d’un fort rallye du quatrième trimestre sont en place, même si les prochaines semaines seront volatiles. »
Quatre facteurs justifieraient d’attendre un rebond :
1) le sentiment très négatif des investisseurs à l’égard des actifs risqués, actions et matières premières en tête. Les indicateurs de sentiment boursier, type ratio put/call, sont à des niveaux extrêmement pessimistes observés lors du krach de 2011 et de l’été 2007, au début de la crise des subprimes.
2) la valorisation des actions en Europe reste modérée par rapport à sa moyenne historique (P/E à 12 mois de 14,4x contre 16,6x en avril dernier). En relatif aux obligations, le rendement du dividende est particulièrement attrayant avec un « spread » de 275 points de base, soit le niveau le plus élevé observé depuis 2009.
3) l’environnement économique ne se détériore pas, le consommateur donnant des signes de résistance dans de nombreuses régions et le dynamisme du secteur des services contrebalançant le ralentissement de l’industrie.
4) les craintes déflationnistes sont sur le déclin, d’autant qu’au cours du quatrième trimestre, l’impact de la chute du prix des matières premières devrait être moins visible dans les statistiques d’inflation et les prix des services continuent de progresser.
Cette analyse, favorable aux actifs risqués, comporte un bémol : que la conjoncture mondiale ne se détériore pas davantage.
Le message positif de la banque intervient alors que le FMI vient d’abaisser ses prévisions de croissance pour l’économie mondiale.
Pour la banque, il est temps d’accroître son exposition à des secteurs pourtant très dépendant du sort des marchés émergents, tels que les produits de base, les matériaux de construction et les mines et métaux – des secteurs délaissés et affectés par les craintes des investisseurs sur le ralentissement de l’économie chinoise.
La banque maintient en outre son message de surpondération sur le secteur de l’énergie, lui aussi très affecté par la chute des cours du pétrole – et alors que Morningstar n’attend pas de rebond durable des prix avant plusieurs années.