Une nouvelle fois, Mario Draghi va concentrer l’attention des investisseurs. C’est un peu une répétition de l’histoire. Quand ce n’est pas Janet qui parle, tout le monde attend de Mario une indication des intentions de la banque centrale européenne.
Cette fois-ci l’attention est redoublée, car avec un chiffre d’inflation en territoire négatif pour le mois de septembre (-0,1% et +0,9% pour l'inflation "core"), les investisseurs ont le sentiment que la politique d’assouplissement quantitatif de la BCE (« QE ») ne produit pas les résultats escomptés.
Les chiffres d’inflation sont toutefois difficiles à interpréter pour la simple et bonne raison que le cours des matières premières n’a cessé de reculer et que le taux de chômage en zone euro demeure particulièrement élevé, enlevant toute perspective d’une remontée rapide des salaires en cas de reprise de l’activité économique.
Ces chiffres ont néanmoins conduit certains économistes à demander une action plus décisive le plus tôt possible. Gilles Moec chez Bank of America Merrill Lynch écrivait récemment : « plus la BCE attend, plus elle aura à faire pour convaincre les marchés qu’elle peut atteindre son objectif d’une stabilité des prix. »
100 milliards par mois
Pour Capital Economics, la BCE devrait augmenter à 100 milliards d’euros ses achats d’actifs chaque mois et continuer son programme jusqu’en juin 2017 pour atteindre le même effort que celui consenti par les banques centrales américaine et britannique en pourcentage du PIB.
La question la plus importante est la transmission de ces efforts additionnels à l’économie réelle. Les expériences américaine et japonaise tendent à montrer que l’augmentation du bilan des banques centrales ne s’est que très modestement accompagné d’une expansion économique.
Le gros des liquidités injectées dans l’économie est allé dans les marchés financiers, où les prix des actifs ont augmenté. Ceux des biens et services produits par les agents économiques n’ont guère bougé.
A tel point que certains économiques se demandent aujourd’hui si le « QE » ne va pas devenir la norme de la boîte à outils des banquiers centraux. Mario Draghi et Janet Yellen n’ont donc pas fini d’être au centre des attentions des investisseurs, tant que l’inflation ne repartira pas.