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Marchés émergents : trop de dette étouffe la croissance

Après les Etats-Unis et l’Europe, les marchés émergents doivent eux aussi assainir leur bilan.

Jocelyn Jovène 16.11.2015
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Entre 2009 et 2014, les quinze plus gros pays émergents ont connu une croissance cumulée de 48% de leur économie, contre une expansion de seulement 6% pour les pays du G20.

L’explication de cette croissance fulgurante est à mettre principalement sur le compte d’une expansion du crédit aux entreprises. Le raio de dette au PIB moyen des économies émergentes est passé de 28% en 2011 à 36% cette année et atteindrait 38% en 2016, selon Bank of America Merrill Lynch. Or cette dynamique, bénéfique pendant la période de crise, conduit aujourd’hui à des déséquilibres internes, comme le souligne le dernier rapport du FMI sur la stabilité financière dans le monde.

« Cette dynamique d’emprunt a abouti à une nette intensification du levier financier dans le secteur privé de beaucoup de pays —notamment dans les secteurs à profil cyclique — qui est allée de pair avec une augmentation des engagements en devises, elle-même induite de plus en plus par des facteurs mondiaux. Sous l’effet conjugué de la poussée des emprunts et des engagements en devises, ces pays sont d’autant plus sensibles à un durcissement des conditions financières mondiales », écrit l’institution dans son rapport.

Le risque est donc une fragilisation du système bancaire dans certaines économies, qui pourraient se traduire, comme en Chine par exemple, par une détérioration des conditions d’accès au crédit des agents économiques et une amplification du ralentissement économique déjà observé dans certains pays.

Une partie de l’ajustement économique a d’ailleurs commencé, avec l’effondrement des devises de certains pays, des sorties de capitaux et un début de rationalisation dans certains pans d’activité (industrie manufacturière en Chine par exemple).

L’environnement de baisse du cours des matières premières complique la situation économique de nombreux pays exportateurs (Indonésie, Brésil, Russie, Afrique du Sud) mais en favorise d’autres (Inde). L’impact est toutefois significatif à l’échelle mondiale et a conduit le FMI à revoir à la baisse la contribution des pays émergents à la croissance mondiale.

Enfin, les pays émergents restent sensibles à l’action des banques centrales des pays développés et notamment la Fed, qui devrait relever ses taux d’intérêts dans les prochains mois. Le relèvement des taux d’intérêt, anticipé pour le marché pour le mois de décembre, aurait plusieurs conséquences : un soutien au dollar au détriment des devises émergentes, qui rendrait la tâche des banques centrales émergentes plus compliquées – celles-ci étant contraintes de défendre leur devise par des hausses de taux, voire à acheter leur propre devise et à vendre des actifs libellés en dollars, quitte à puiser dans leurs réserves.

Ce faisant, le risque serait, un peu comme durant la crise de 1997, que ces mesures interviennent tardivement et qu’elles ne fassent qu’aggraver les difficultés économiques que connaissent la plupart des pays.

A l’inverser, une meilleure visibilité sur les perspectives de croissance de l’économie chinoise serait de nature à sans doute rassurer les investisseurs et à créer un environnement plus stable pour les investisseurs.

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.