L’accord qui a été signé par 196 pays à la fin de la COP21 à Paris a été qualifié d’« historique ». Faire accepter un texte qui vise à contenir l'augmentation de la température de la planète à 2° C dans les prochains cinq ans (et de même de poursuivre les efforts pour viser 1,5° C) est sans aucun doute un succès diplomatique, surtout après une série d’échecs. Toutefois, il s’agit d’un accord non contraignant (il n’y a pas des sanctions prévues pour les Etats qui ne respectent pas les engagements) qui devra être ratifié par chaque pays.
« C’est vrai que chaque pays reste très libre, mais je pense qu’avec cet accord il y a eu un véritable changement de paradigme, une prise de conscience, ce qui est peut-être l'aspect plus important », a commenté Ophélie Mortier, stratégiste investissement responsable chez Degroof Petercam, lors d’une conférence de presse à Paris. « Nous aurons certainement besoin d'une COP22 pour continuer sur cette route, qui, me semble-t-il, est la bonne. »
L’un des succès de cette COP est d’avoir réussi à mobiliser les entreprises et les investisseurs sur le sujet du changement climatique. D’un point de vue strictement financier, en effet, les investissements socialement responsables (ISR) ne cessent de croître. Cliquez ici pour en savoir plus.
Selon les données du centre de recherche Novethic, à fin octobre dernier, 960 investisseurs institutionnels dans le monde ont pris des engagements dans la lutte contre le changement climatique. Par exemple, les signataires du Montreal Carbon Pledge, un texte lancé en septembre 2014 par les Nations unies qui vise à inciter les investisseurs à mesurer et à publier chaque année à partir de 2016 l’empreinte carbone de leur portefeuille financier, ont plus que doublé depuis janvier pour atteindre une centaine à la fin du troisième trimestre 2015 (l’empreinte carbone représente la somme des émissions de CO2 des entreprises dans lesquelles les investisseurs ont investi).
« De plus en plus de gestionnaires prennent en considération des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance dans leurs décisions d'investissement », a expliqué Mortier. « La décarbonation du portefeuille est parmi les tendances les plus importantes, grâce à l'utilisation d’indices faiblement carbonés, même si nous parions plus sur la sélection de titres. Il est crucial de distinguer les entreprises qui sont déjà mieux positionnées pour ces changements. En général, dans le secteur du pétrole et du gaz nous préférons les entreprises européennes parce qu'ils sont plus exposés au gaz, et nous sommes négatifs sur les services collectifs. En ce qui concerne les sociétés spécialisées dans le solaire, il s’agit souvent d’entreprises de petite taille qui doivent donc être traités comme telles », a-t-elle conclu.