Cet article a été initialement publié sur www.morningstar.com le 28 décembre 2015. L’article qui suit ne reprend qu’une partie de l’analyse publiée sur le site américain.
Les vues de Morningstar en résumé
Les spreads sur le crédit de qualité et le haut rendement sont proches de leurs plus hauts de l’année 2015.
La faiblesse des prix de l’énergie a conduit à plusieurs défauts.
Le resserrement monétaire de la Fed est enclenché.
Une croissance stable mais molle de l’économie américaine devrait aider le crédit.
Nous pensons que la volatilité va rester à un niveau élevé au cours du premier trimestre 2016, et que les spreads de crédit vont évoluer dans une bande de fluctuation à ou près des plus haut niveaux observés en 2015. Les difficultés liées à la faiblesse des prix de l’énergie et aux fusions-acquisitions financées par de la dette devraient se poursuivre. La pression sur les secteurs de l’énergie, des mines et métaux, qui ont beaucoup souffert au cours du quatrième trimestre, ne devrait pas s’amenuiser. Pourtant, nous pensons qu’une croissance économique modérée devrait se poursuivre aux Etats-Unis, ce qui avec des spreads élevés, devrait soutenir la valorisation de la classe d’actifs.
Le marché du crédit de qualité (« Investment Grade ») nous semble à son prix voire légèrement surévalué, même si les spreads sont plus élevés que leur moyenne historique, en raison d’une détérioration de la qualité de crédit et de facteurs techniques défavorables. Au 16 décembre, le spread de l’indice Morningstar Corporate Bond était de 168 points de base, soit 28 points de base plus élevé sur l’année et au-dessus de sa moyenne de long terme de 160 points de base.
Confrontées à des croissances négatives du chiffre d’affaires et à une pression sur les marges opérationnelles, de nombreuses entreprises ont eu recours à l’endettement pour procéder à des rachats d’actions. Cela a entraîné un record d’émissions obligataires, contribuant aussi à l’écartement des spreads. L’indice reste toutefois 20 points de base en-deçà de son niveau record de 2015 à 188 points de base, atteint le 30 septembre dernier.
Le segment du haut rendement (« High yield ») nous semble raisonnable à légèrement cher, affichant également un spread de crédit proche de ses plus hauts de 2015. Le spread de la catégorie atteignait 683 points de base le 2 octobre et 698 points de base le 16 décembre dernier, après un plus haut de 733 points de base le 14 décembre.
Le marché du haut rendement va continuer d’être marqué par une césure entre des secteurs plus orientés vers le consommateur, lesquels affichent des spreads relativement serrés mais soutenables, et les secteurs liés à l’énergie et aux métaux de base qui affichent des spreads supérieurs à ceux de l’indice.
Ces secteurs devraient connaître une augmentation des taux de défaut, au-dessus de la fourchette de 2-3% observée ces dernières années. La performance de la classe d’actifs restera pilotée par la sélection de secteurs, notre préférence allant vers les secteurs les plus défensifs.
Le marché du crédit devrait être soutenu par une économie américaine toujours en croissance, selon Robert Johnson, qui table sur 2% à 2,5% de croissance cette année, rythme similaire à celui observé ces dernières années. En dépit de défis internationaux, l’amélioration graduelle du marché de l’emploi, et un soutien au consommateur venant de la baisse du cours du pétrole, devraient soutenir le crédit.
Parmi les éléments qui compliquent la donne, il y a le premier resserrement monétaire de la Fed depuis 2006. Les autres banques centrales dans le monde apportant un soutien à la liquidité et aux marchés financiers, cela devra soutenir le dollar mais peser sur le chiffre d’affaires et les profits des entreprises américaines.
Nous pensons toutefois que la Fed sera très méthodique dans son approche, ne remontant ses taux qu’avec le raffermissement de la croissance économique. Nous pensons que cela ne devrait pas avoir d’impact majeur sur la classe d’actifs. Nous n’attendons pas de remontée substantielle des taux intermédiaires et longs sur la courbe, même si cela reste un risque à surveiller pour les investisseurs. Les marchés du crédit pourraient en effet bien connaître un mouvement de volatilité comparable au « taper tantrum » de 2013.