Carmignac : « l’alignement des trous noirs »

Le gestionnaire d’actifs s’attend à une crise sur les marchés financiers de l’ampleur de 2008-2009.

Jocelyn Jovène 25.01.2016
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Le retrait mondial des liquidités et la baisse des réserves de changes devraient entraîner une correction des marchés financiers comparable à celle observée lors de la crise financière de 2008-2009, ont estimé lundi des représentants de Carmignac Gestion.

Cette volatilité attendue conduit les équipes de gestion à adopter une posture très défensive, avec la couverture de certaines expositions dans les poches crédit et actions.

L'analyse économique sur les Etats-Unis ou les marchés émergents est pessimiste avec un risque de récession outre-Atlantique, marqué par la baisse des marges des entreprises et un consommateur de plus en plus prudent, au moment où la Fed adopte une politique monétaire moins accommodante.

Dans les émergents, la Chine subit une baisse inquiétante de ses réserves de change pour défendre sa devise après l'abandon du « peg » au dollar pour privilégier un panier de devises.

« Le combat contre une dévaluation trop rapide du yuan conduit les autorités chinoises à vendre du dollar, à vendre des bons du Trésor, ce qui explique pourquoi les rendements américains ne baissent pas autant qu’ils le devraient. Cela se traduit par une destruction des réserves et in fine des liquidités », a expliqué Frédéric Leroux, responsable de la gestion globale chez Carmignac.

Cette réduction des réserves de change s’explique aussi par la baisse des cours des matières premières, de nombreux pays exportateurs étant contraints de « vendre les bijoux de famille » (comme l’Arabie Saoudite avec le projet de cotation de la compagnie nationale pétrolière Aramco) et de lutter contre la baisse de leur devise, en vendant des dollars.

Ces éléments ne présagent rien de bon pour les marchés actions, et conduisent les gérants de Carmignac à adopter le niveau de protection maximal des positions risquées au sein des allocations.

En 2016, l’environnement devrait être marqué par une baisse des taux longs sur les souverains, alimentée par le recul des anticipations d’inflation aux Etats-Unis ou par des facteurs techniques comme le déséquilibre offre/demande en Europe.

Sur le front des changes, « les divergences de politique monétaire sont intégrées dans les cours », a expliqué Rose Ouahba, responsable de la gestion obligations de Carmignac, évoquant la diminution du différentiel d’inflation et des taux de croissance entre l’Europe et les Etats-Unis.

Ce n'est pas la première fois que Carmignac tient un discours prudent. C'était déjà le cas. Mais à l'évidence, les anticipations pour 2016 conduisent à ce stade la société de gestion à relever son niveau de prudence d'un cran.

 

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.