De nombreux investisseurs s’intéressent à la dette émergente comme source de rendement actuellement peu chère, mais beaucoup hésitent à s’exposer en raison des incertitudes autour de la croissance économique de nombreux pays, et notamment du retour de la croissance de leurs exportations ou de l’amélioration de leur balance courante.
Mais l’histoire des crises financières dans les pays émergents montre que les problèmes cette fois-ci pourraient plutôt venir de l’excès d’endettement du secteur privé que de stricts problèmes d’endettement public.
Dans une étude publiée le 22 janvier, le cabinet indépendant Capital Economics souligne trois points importants pour guider les investisseurs.
Tout d’abord, les crises financières sont plus la résultante d’une croissance trop rapide du crédit que de l’atteinte d’un niveau spécifique d’endettement rapporté au PIB. Or depuis 1990, Capital Economics observe qu’aucun pays où le ratio dette privée sur PIB s’est accru de plus de 30 points de pourcentage en l’espace d’une décennie n’ont par la suite échappé à une crise bancaire.
Deuxième observation : les crises financières ont été en moyenne suivies par une contraction moyenne du PIB de 8%. L’ampleur de la contraction dépend de l’exposition aux financements extérieurs (pourcentage de la dette levée dans une devise autre que la devise nationale). L’état des finances publiques joue également un rôle, mais il est relativement moins important.
La troisième leçon est que les crises ont été suivies par un fort ralentissement de la croissance économique – situation vécue actuellement par les pays développés. « Dans la majorité des cas, la croissance molle a perduré un certain temps », note Capital Economics.
D’après la grille d’analyse du cabinet, 5 pays font actuellement l’objet de vulnérabilités qu’il est important de suivre de près : il s’agit de la Chine, de la Turquie, de la Corée du Sud, du Brésil et de la Russie. « Dans chaque cas, les entreprises ont alimenté l’augmentation de l’endettement privé. Mais les ménages ont également contribué à la hausse de l’endettement en Corée et au Brésil », indique Capital Economics.
Le cabinet n’attend toutefois pas de catastrophe financière dans les marchés émergents. Il s’attend néanmoins à ce que les rythmes de croissance de ces pays, et en particulier de ceux qui ont le plus laissé filer le crédit, ne ralentissent de manière assez significative.