Encore petits par la taille, les fonds alternatifs, de matières premières et immobilier ont gagné en importance ces derniers mois. Au point qu’à fin avril, le plus gros fonds géré en Europe était le fonds Global Absolute Return Strategies (GARS), noté Bronze par Morningstar, de la société de gestion écossaise Standard Life Investments, avec près de 34 milliards d’euros d’actifs sous gestion, loin devant les 24 milliards de Carmignac Patrimoine, un autre « poids lourd » sur le continent, également noté Bronze.
Depuis le début de l’année, les trois catégories suivies par Morningstar (Alternatif, Matières premières et Immobilier) affichent une collecte positive de respectivement 15,9 milliards d’euros, 462 millions d’euros et 3 milliards d’euros. Sur un an, les chiffres sont également positifs (69,3, 1,4 et 9 milliards d’euros respectivement).
Il faut toutefois parler d’intérêt plutôt que d’engouement car au regard des classes d’actifs traditionnelles (actions, obligations, monétaire), les placements alternatifs n’ont qu’un maigre part de marché sur les 7.410 milliards d’actifs gérés en Europe à fin avril (moins de 7%).
Cet intérêt s’explique avant tout par la recherche d’autres sources de rendement, sur fond de taux d’intérêt proches de zéro voire négatifs sur de nombreuses maturités et sans doute une fatigue des investisseurs au regard de la volatilité et des retournements très rapides de tendance sur les marchés financiers, en particulier au sein des actions.
D’autres facteurs de risque ont émergé ces dernières années expliquant sans doute aussi l’intérêt pour les placements alternatifs : les incertitudes sur la liquidité, l’afflux de capitaux sur des niches de marché (haut rendement) et la prise de risque croissante des investisseurs dans un contexte de croissance et d’inflation toujours trop basse.
L’analyse plus fine des catégories Morningstar montre une volonté de mieux diversifier le risque, l’un des objectifs premiers des placements alternatifs. Les investisseurs ont eu ainsi tendance à se détourner des fonds d’actions européennes et japonaises, privilégiées l’an dernier au regard de leur décote de valorisation par rapport aux actions américaines et d’un potentiel de rebond des profits dans ces deux zones géographiques.
La chute des Bourse et la révision en baisse du consensus ont conduit les investisseurs à revoir leur thèse et à s’intéresser davantage à la protection du capital qu’à la recherche de rendement. La décote de valorisation des actions européennes, qui tend à persister malgré le rebond depuis le point bas de la mi-février, semble indiquer une certaine prudence, en particulier lorsque des événements exogènes peuvent à nouveau peser sur les perspectives d’activité et de profits des entreprises en Europe (Brexit).