Les économistes inquiets du manque de vigueur de la croissance

Les banques centrales restent au cœur du jeu, mais les politiques budgétaires et les réformes de structure devraient prendre le relais.

Jocelyn Jovène 09.09.2016
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Huit ans après la crise financière de 2008, l’économie mondiale n’a toujours pas retrouvé son rythme d’avant-crise.

Pour comprendre les raisons de cette situation et les solutions de politique monétaire ou budgétaire, Morningstar a invité jeudi 8 septembre deux économistes – Laurent Clavel d’AXA Investment Managers et Jean-Pierre Petit, président des Cahiers verts de l’économie.

Pour les deux économistes, la faiblesse de la croissance mondiale a plusieurs explications structurelles : vieillissement démographique, augmentation des inégalités, chute des gains de productivité, excès d’épargne qui ne s’investit pas et qui fait pression sur les rendements des actifs.

Elle a aussi des raisons conjoncturelles : la trappe à liquidités créée par l’intervention des banques centrales et l’effet pro-cyclique des politiques budgétaires (amplification de la récession avec les mesures d’austérité).

« Tout l’ajustement a jusqu’ici reposé sur les banques centrales, car les gouvernements ne font rien, a estimé Jean-Pierre Petit. Cette situation pousse du coup les investisseurs à prendre plus de risques et a alimenté l’augmentation des inégalités.

« L’intervention des banquiers centraux n’est pas terminée et la future étape sera ‘l’helicopter money’. Mais avant cela, il faudra préparer les esprits », a-t-il ajouté.

Pour Laurent Clavel, l’enjeu principal des pays développés et émergents est un choix politique, de mise en place de politiques budgétaires (comme l’Allemagne et sa politique d’accueil massif d’immigrants) et de réformes à même de relancer la croissance.

L’économiste ne pense pas que ‘l’helicopter money’ soit une solution et estime que les banques centrales peuvent augmenter leur assouplissement quantitatif, plus connu sous l’acronyme ‘QE’.

« Les outils exotiques comme l’achat d’actions par la banque centrale (comme au Japon) sont impopulaires en Europe et des taux plus bas, ce n’est pas la solution », a-t-il affirmé.

L’économiste a également rappelé qu’il y avait aussi un enjeu de crédibilité de la politique monétaire et que les banques centrales devaient être très attentives.

 

 

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.