Il y a un peu plus d’un an, nous avions regardé l’allocation d’actifs des gérants les mieux notés par Morningstar aux Etats-Unis. L’idée originale était de voir l’importance du biais domestique dans les allocations. Et de ce point de vue, pas de surprise majeure.
Force est de constater que par rapport à l’année dernière à la même époque, ces gérants chevronnés ont, en moyenne, accru leur exposition aux actifs américains. Et dans l’ensemble, cela a été plutôt bien vu.
Depuis avril 2015 (date du précédent pointage), les actions américaines ont surperformé les autres places boursières (+1% pour le S&P 500 contre -5,8% pour le MSCI World), les obligations se sont appréciées sur la partie longue de la courbe (-22 points de base pour le 10 ans américain) et le dollar s’est légèrement déprécié face à l’euro.
Les marchés actions ont connu un net regain de volatilité (+25% pour le VIX), les actions japonaises, émergentes et européennes ont perdu respectivement 19%, 16,5% et 17,3% (avant prise en compte des effets de change). Les interrogations sur la croissance mondiale et les difficultés de la Chine à maîtriser son cycle, les incertitudes liées au resserrement de la politique monétaire de la Fed ont provoqué des mouvements de fuite du risque et de repli vers les actifs en dollars (y compris l’or).
Pendant ce temps, la part des actions et obligations américaines a augmenté (42,8% en moyenne contre 41,4% l’an dernier et 28,2% contre 22,8%) avec une préférence pour les actifs les moins risqués.
On notera que cette analyse est légèrement biaisée (biais du survivant) car une partie des fonds parmi les mieux notés l’an dernier a disparu de la liste de cette année. Mais si l’on en tient aux encours sous gestion, les listes 2015 et 2016 se recoupent à hauteur de 77% des actifs gérés (ce qui nous semble assez significatif pour faire la comparaison).
Si l’on regarde les profils de risque des fonds (puisque la part des actions varie de 15% à 30% jusqu’à plus de 85% pour les fonds d’allocation les plus agressifs), on observe également un renforcement du biais domestique au fur et à mesure que l’on monte dans la prise de risque.
Cela semble d’autant plus paradoxal que de nombreux observateurs estiment que la Bourse américaine est aujourd’hui surévaluée, avec une déconnexion croissante des fondamentaux et des multiples de valorisation.