Si le troisième trimestre a été plutôt étal pour les bons du Trésor, la classe d’actifs affiche des performances très satisfaisantes depuis le début de l’année. Pour un investisseur en dollars, à fin septembre, investir dans du 30 ans américain a rapporté 16,9% et 7,1% s’il s’est contenté du 10 ans américain. Pour un investisseur en euros, l’appréciation du dollar a amélioré ces performances.
Du côté du crédit, les obligations de qualité ont progressé de 9,1%, tandis que le high yield et la dette émergente progressaient de respectivement 15,3%, 13,7% (pour la partie souveraine) et 11,5% (pour le crédit émergent).
Les raisons de cette performance sont de plusieurs ordres : poursuite de la recherche de rendement, qui a boosté les flux vers les actifs émergents notamment ; des niveaux de valorisation attrayants en début d’année en raison des pressions liées à la chute des matières premières, aux craintes sur la croissance américaine et dans les émergents. Ces craintes, et le phénomène du « Brexit », ayant fortement reculé au cours du premier semestre, cela a conduit à un resserrement des spreads favorable à la classe d’actifs.
Quelles sont les perspectives pour la fin d’année ? Un mouvement de remontée des taux aux Etats-Unis semble engagé, relançant les craintes d’un « Taper Tantrum » de l’ampleur de celui observé aux mois de mai et juin 2013.
A ce stade, difficile de tirer des conséquences claires. Depuis le point bas des marché mi-février, le rendement du 2 ans américain a rebondi de 19 points de base, tandis que le 10 ans a progressé de 14 points de base. Mais par rapport au début de l’année, les rendements américains sont toujours en repli de respectivement 23 et 49 points de base.
Depuis la rentrée et les derniers commentaires de la Fed, les investisseurs attendent une nouvelle hausse de taux qui devrait intervenir en décembre (la réunion de novembre précédant de quelques jours l’élection présidentielle américaine).
Pour qu’un mouvement durable de rebond des taux d’intérêt, il faudra, outre un début de normalisation de la politique monétaire américaine, une reprise durable de la croissance économique et une remontée de l’inflation.
Les derniers chiffres concernant les anticipations d’inflation semblent indiquer une reprise de la hausse des prix, mais celle-ci est sans doute pour bonne partie liée au rebond des prix du pétrole.
Comme l’observe Véronique Riches-Flores, économiste indépendante, « l’économie américaine n’a guère évolué ces derniers temps, l’amélioration des indicateurs du début d’été n’ayant pas permis de rétablir les fondamentaux nécessaires à une embellie des perspectives. »
Si la situation perdure, il est encore difficile de voir ce qui permettrait à l’économie américaine d’afficher une croissance plus soutenue et aux taux de rebondir durablement.
De taux longs durablement bas continueront de compliquer la vie des investisseurs, contraints de prendre plus de risque pour trouver du rendement. Ils devront apprendre aussi à vivre avec des marchés plus volatils, mais ces dernières années les ont déjà bien accoutumés.