Le niveau de liquidités dans les allocations des gérants internationaux reste à des niveaux record, proches des dernières situations de crise sur les marchés financiers (Lehman, Brexit), selon la dernière enquête de Bank of America Merrill Lynch publiée le 18 octobre dernier.
Les investisseurs sont particulièrement nerveux après la remontée des taux longs, anticipant une pentification de la courbe (remontée des taux longs plus rapide que les taux courts). Si, sur le fond, cette pentification correspond à l’espoir d’un raffermissement de la reprise économique et de l’inflation mondiale, cela peut provoquer d’importants remous sur les marchés obligataires, compte tenu de niveau de taux historiquement bas.
Les données de flux de Morningstar confirment cette évolution des portefeuilles : depuis le début de l’année en Europe, les fonds monétaires ont collecté 78 milliards d’euros contre 37 milliards pour les fonds d’investissement ouverts (avec une décollecte de près de 72 milliards pour les fonds actions, contrebalancée par une collecte de 14 milliards pour les fonds d’allocation, de 28 milliards pour la gestion alternative et de 69 milliards par les fonds obligataires).
Parmi les risques les plus importants identifiés par les investisseurs dans l’enquête de Merrill Lynch figure le risque politique en Europe (désintégration de l’Union), puis une correction du marché obligataire, une victoire républicaine lors des présidentielles américaines et l’accélération de l’inflation aux Etats-Unis.
Conséquence : le niveau d’appétit pour le risque demeure faible, ce que confirment là encore les chiffres de collecte recueillis par Morningstar.
Les indicateurs de risque et de volatilité demeurent étonnamment calmes, preuve d’un certain attentisme de la part des investisseurs.
Le calendrier politique se rapprochant à grande vitesse, la volatilité pourrait rebondir.
On sent en fait une bifurcation possible des marchés : ou bien la reprise se confirme, l’inflation repart mais modérément et l’action des banques centrales se normalise sans accroc, auquel cas, le rebond des marchés financiers pourrait bien se poursuivre de façon durable avant d’atteindre des niveaux de valorisation anormalement élevés ; ou alors, l’inquiétude reprend faute de reprise, la croissance reste molle et les banques centrales doivent continuer d’intervenir, ce qui déprime les taux longs mais provoque de nouveaux soubresauts sur les marchés des changes (hausse de l’euro et du yen), avec un rebond de l’or.
Pour l’heure, aucune direction claire n’est prise.