Gestion passive vs active : poser le bon débat

Il est important de dépasser le débat entre gestion passive ou active. Le plus important, pour Don Phillips, est de construire de meilleurs portefeuilles.

Don Phillips 21.11.2016
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Le débat entre gestion passive et active a enrichi de nombreux universitaires, conseillers et gérants d’actifs. Ce type de débat ne sert pas les investisseurs.

Cela ne veut pas dire que la gestion passive n’est pas un bon moyen d’investir. Au contraire. Mais lorsqu’elle devient un moyen pour les conseillers financiers de se décharger de leur responsabilité fiduciaire, il est important de se poser les bonnes questions.

Je vois trois sujets : 1) les fondements mathématiques de l’indexation qui sont souvent exagérés ; 2) le débat théorique entre gestion passive et active n’est pas pertinent pour les choix que font la plupart des investisseurs ; 3) ce débat distrait les investisseurs des questions les plus importantes, en l’occurrence construire de meilleurs portefeuilles.

Commençons par le premier point : combien de gérants actifs parviennent à battre leur indice de référence. Le débat oppose un fonds indiciel, sans coût, qui permet de suivre un marché large et un gérant actif qui opère dans la même catégorie. Par définition, le gérant actif perd la plupart du temps. Mais cette comparaison en dit moins sur la supériorité de l’indexation que sur l’infériorité des moyennes de catégories. Un fonds activement de manière moyenne produit des résultats décevants. Il en va de même d’un fonds passif géré de manière moyenne.

Aux Etats-Unis, la moyenne des 593 fonds indiciels sur les actions américaines affiche un ratio de frais courants de 1,23%. Près de un sur six affiche un taux de rotation de plus de 100%. En moyenne, ces fonds indiciels ont accumulé un retard sur l’indice S&P 500 de 2,06% par an au cours des trois dernières années et de 1,58% sur cinq ans.

Les défenseurs de la gestion passive expliqueront à raison que personne n’achète le fonds indiciel moyen d’une catégorie et que la plupart des actifs vont vers les fonds les plus gros et les meilleurs. C’est vrai, mais il en va de même pour les fonds gérés activement, où il a été démontré de longue date que les fonds actifs ayant les frais les plus bas sont souvent ceux qui servent le mieux les intérêts des investisseurs et performent bien sur longue période.

Cet argument a poussé certains conseillers à privilégier la construction de portefeuilles uniquement constitués de fonds passifs au détriment de fonds actifs. Mais si vous filtrez les fonds actifs sur simplement deux critères – les fonds ayant des frais inférieurs à leur catégorie et dans lesquels les gérants sont investis – la supériorité de la gestion passive tombe à l’eau.

Mais le débat le plus critique qui a été allègrement ignoré des investisseurs concerne la construction de portefeuille.

Au fil des décennies, les investisseurs ont été en mesure d’investir de façon croissante dans de bons fonds. Les actifs ont été s’investir dans des fonds peu chers, offrant de meilleurs performances pour un risque moindre. C’est ce qui explique pourquoi les flux de fonds sont corrélés avec les notes Morningstar.

Le problème est que les gens achètent de bons fonds mais les assemblent dans de mauvais portefeuilles. Ils surexposent leur portefeuille aux fonds qui ont bien marché et abandonnent les classes d’actifs qui sont ignorées par les investisseurs. Cela est vrai que l’on investisse par le biais de fonds passifs ou actifs.

Savoir quel est le bon support d’investissement est hors sujet. Ce n’est pas le type de fonds, mais la construction du portefeuille que les investisseurs loupent.

Heureusement, le débat a poussé les gérants d’actifs à améliorer le service fourni aux investisseurs. L’utilisation croissante de conseillers financiers a été un premier pas pour aider les investisseurs à mieux construire leur portefeuille. Les fonds à horizon ou les robo-conseillers (« robo-advisors ») ont contribué à l’émergence de portefeuilles-modèle, lesquels font un meilleur usage des fonds. En France, les équipes de Morningstar Investment Management aident certaines plates-formes à construire des portefeuilles-modèle qui s’inscrivent dans une perspective de long terme, dans l’intérêt des investisseurs.

Ces innovations technologiques contribuent à la construction de meilleurs portefeuilles. Certains robo-conseillers sont très focalisés sur les fonds indiciels, mais rien n’empêche de rendre la même qualité de service en sélectionnant des fonds de qualité gérés activement.

Au final, le plus important est que le cœur du débat et l’enjeu pour l’industrie est en train d’évoluer de la sélection de fonds à la construction de portefeuille. C’est le chemin qui doit être suivi car c’est là que sont les besoins des investisseurs. Apprendre aux investisseurs la discipline et la patience, à ne pas suivre la performance et s’enticher des produits à la mode, à rebalancer et à maintenir leur contribution au fil du temps – ce que font les bons conseillers – sont les clefs du succès pour les investisseurs.

Cet article a été initialement publié dans le numéro de Juin/Juillet 2016 de Morningstar Magazine. Il a été édité.

 

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A propos de l'auteur

Don Phillips  Don Phillips is a managing director of Morningstar, Inc.