Les autorités chinoises peuvent enfin se réjouir. Après moultes hésitations, MSCI a récemment annoncé l’inclusion des actions chinoises de classe A (les « A-Shares ») dans ses indices dédiés aux marchés émergents.
222 actions seront ajoutées aux indices MSCI en deux phases, à partir de mai 2018. À la fin de l'opération, les actions de classe A représenteront environ 0,73% de la valeur de l'indice.
Ces actions sont cotées sur les Bourses de Shanghai et Shenzhen, difficilement accessibles pour la plupart des investisseurs étrangers. La plupart des fonds communs de placement et des ETF dédiés à au marché chinois ont longtemps été contraints d'investir dans des actions cotées à Hong Kong (H-actions, Red Chips et P-Chips) et à New York.
Cette décision aura un impact significatif pour les marchés émergents. Le MSCI EM ignore aujourd'hui les Bourses de Shenzhen et Shanghai, qui représentaient 22% du volume des transactions boursières mondiales en 2016 (selon une étude Comgest citant les données de la World Federation of Exchanges) et 50% de la capitalisation boursière chinoise. Actuellement, l'indice ne reflète pas fidèlement le pouvoir économique de la Chine et l'ampleur de son marché boursier.
Dans un communiqué de presse, MSCI a déclaré que sa décision d'inclure les actions de classe A est principalement due à l'impact positif du programma Shenzhen-Hong Kong Stock Connect et aux politiques d'ouverture des autorités chinoises concernant les conditions d'approbation qui ont longtemps limité la création de véhicules d'investissement passifs sur le marché boursier chinois.
A partir des années 1990 le marché chinois est progressivement devenu plus accessible aux étrangers grâce, notamment, aux systèmes de quotas tels que le Qualified Foreign Institutional Investor (QFII). Plus récemment, le programme Stock Connect, entre Hong Kong, Shanghai et Shenzhen, a permis aux investisseurs d’échanger beaucoup plus facilement leurs actions sur chaque marché par l’intermédiaire des chambres de compensation et des courtiers locaux.
D’après une analyse de Robeco, le marché chinois des actions A offre aux investisseurs un accès à des thèmes moins bien représentés dans l’univers offshore. La part de la capitalisation boursière totale du marché des actions A composée des valeurs de la « nouvelle économie » augmente également : elle s’approchait des 40 % en 2016. Dans 7 des 15 secteurs principaux, plus de 80 % de la capitalisation boursière est uniquement constituée d’actions A chinoises.
Source : Wind, Robeco, Citi Research
Quels changements pour les investisseurs passifs ?
Les ETF et les fonds indiciels qui répliquent les indices MSCI China, MSCI Emerging Markets ou autres benchmarks dédiés à l’Asie émergente, devront ajouter une partie ou l'ensemble des 222 nouveaux titres à leurs portefeuilles et devront suivre les inclusions suivantes dans le cadre de ce processus de long terme. Cette prise en compte place les actions chinoises de classe A un peu plus au centre des marché et les investisseurs devront faire un effort pour comprendre les fondamentaux de ces titres, dont le poids devrait croître dans les indices globaux.
« Nous sommes convaincus que d'autres fournisseurs d'indices voudront revoir leurs plans pour inclure les actions chinoises de classe A », estime Jackie Choy, analyste ETF chez Morningstar, basé à Hong Kong. « Bien que l'inclusion actuelle ne représente qu'une faible pondération dans les indice de référence mondiaux, environ 0,1% du MSCI ACWI et, comme mentionné, 0,73% du MSCI EM, nous suggérons aux investisseurs de reconsidérer leur position au regard du poids géographique et sectoriel, car les différents indices continueront d'ajuster leur exposition à ces actions dans l’avenir. »
D'autres fournisseurs d'indices devraient suivre MSCI. Les actions A sont encore sur la liste de surveillance de FTSE Russell et cette position sera revue pour d'éventuels ajouts dans les indices de la famille FTSE Global Series Index Equity, en tant que marché émergent secondaire, au cours de la prochaine revue annuelle de septembre 2017.
« Il est important que les investisseurs comprennent la composition des divers indices qui incluent les actions chinoises de classe A », conclut Jackie Choy, « car les expositions pourraient être très différentes d'un cas à l'autre. »