Entre l’accélération de l’inflation et la diminution du bilan des banques centrales des pays développés, les investisseurs peuvent s’attendre à un regain de volatilité sur les marchés financiers. Doivent-ils pour autant revoir leur allocation de fond en comble ?
Le contexte
L’inflation est restée bénigne l’an dernier, situation qui a largement profité aux actifs risqués. Pour 2018, le risque d’accélération de l’inflation ne peut totalement être écarté. Mais pour l’heure, les marchés financiers tout comme les autorités monétaires, tablent sur une hausse modérée des prix. Si la croissance continue de se raffermir sans inflation, les actifs risqués, actions en tête, en profiteront si les fondamentaux suivent.
L’autre sujet de discussion sur les marchés est l’impact du retrait des liquidités par les banques centrales. La Fed est la première en lice sur ce front. Son bilan va se réduire de manière drastique dès cette année, et c’est l’un des risques bien identifiés par les investisseurs.
Hausse de l’inflation : quel impact sur les marchés ?
L’impact attendu est une remontée des taux longs, à travers la reconstitution de la prime de terme (cette prime rémunère les investisseurs lorsqu’ils détiennent des obligations dont la maturité est plus longue).
Certains courtiers évoquent un impact de l’ordre de 50 points de base entre 2018 et 2019 – un impact assez limité si on le compare aux 100 points de base de remontée des taux longs au printemps 2013, qui avait provoqué une correction boursière significative.
L’impact final dépendra également de la politique de remontée des taux de la Fed. Si l’inflation accélère le marché anticipera une réaction plus rapide de la banque centrale américaine, ce qui pourrait pousser les taux un peu plus à la hausse.
Où trouver du rendement ?
Les experts de Morningstar considèrent que la plupart des classes d’actifs sont chères, ce qui pèse sur leur estimation de rendements prospectifs en termes réels à un horizon de 10 ans.
Ils privilégient les classes d’actifs qui offrent encore une certaine marge de sûreté (comme la dette émergente ainsi que les liquidités qui permettent de limiter le risque de baisse d’un portefeuille et qui offrent également des marges de manœuvre pour saisir des opportunités d’investissement en cas de correction boursière).
Les tendances du marché montrent plutôt une prise de risque accrue et la recherche de rendement dans des stratégies encore peu éprouvées (dette privée, stratégie ayant une approche de rendement absolu) ou dont la liquidité est un facteur de risque non négligeable.
Privilégier les Etats-Unis, l’Europe ou les émergents ?
Au regard du niveau des taux longs (2,68% aux Etats-Unis contre 1,13% en zone euro), les perspectives de rémunération sont plus attrayantes aux Etats-Unis, pour peu que le coût de couverture contre le risque de devise reste raisonnable (ce qui est moins le cas actuellement).
Si elles sont très chères et offrent de maigres perspectives de rendement, l’autre intérêt des obligations américaines est leur caractère de valeur refuge quand les marchés financiers paniquent. Les actifs libellés en dollars américains sont en effet privilégiés – la crise de 2008 et celle de la zone euro en 2010-2011 sont là pour le rappeler.
L’Europe est sans doute un choix par défaut, mais le risque de duration n’est pas négligeable. Trouver du rendement en limitant le risque de sensibilité aux taux d’intérêt est une vraie gageure et pousse les investisseurs à regarder vers des stratégies innovantes (avec une approche de type « performance absolue », très en vogue et qu’un nombre croissant de société de gestion promeuvent).
La dette émergente est sans doute la classe d’actifs la plus intéressante actuellement, en raison de fondamentaux qui s’améliorent et d’un rendement (« carry ») attractif. Son principal inconvénient est qu’elle est très sensible à l’évolution des taux d’intérêt aux Etats-Unis et au dollar. Lorsque ce dernier s’apprécie, les fonds de dette émergente tendent à souffrir, moins par le rendement qu’ils procurent que par leur exposition au risque de devises.
Détenir des obligations dans une allocation fait toujours sens, en raison des vertus en matière de diversification et de limitation du risque de perte en capital. Mais dans un contexte où toutes les classes d’actifs sont relativement chères, les investisseurs doivent surtout adopter une vue de long terme et regarder où sont les plus gros risques de retour à la moyenne (des taux longs, des primes de terme, de l’inflation…) et voir quelle classe d’actifs offre encore une marge de sûreté suffisante pour être détenue en portefeuille.
Pour aller plus loin
Retrouvez nos perspectives d’allocation pour 2018 en suivant ce lien.
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