Deux ans après la conclusion de l'accord de Paris sur le climat, où 196 pays se sont engagés à limiter la hausse de la température moyenne de la planète, l'écart entre les engagements des pays et les efforts réels est « catastrophique », selon le rapport annuel du Programme des Nations unies sur l'environnement (PNUE).
Il faudrait diminuer d'au moins 11 milliards de tonnes les émissions mondiales de CO2 d’ici 2030 pour atteindre le principal objectif de l'accord de Paris, c’est-à-dire une hausse inférieure à 2°C de la température moyenne de la planète, avec la possibilité d'atteindre 1,5°C. Un objectif qui semble d’autant plus difficile à atteindre depuis que l’administration Trump a indiqué son intention de se désengager du traité.
Si les défis pour les gouvernements sont nombreux, les investisseurs sont passés à la vitesse supérieure. Selon l’organisation Climate Bond Initiative, les émissions d’obligations « vertes » (ou « green bonds ») ont atteint 155 milliards de dollars l’an passé contre 82 milliards de dollars en 2016. D’après les données de The Green Bond Database, la valeur totale des obligations vertes en circulation s’élèvait fin 2017 à 295 milliards de dollars.
Source : Climate Bond Initiative
Les obligations vertes servent à financer des projets dans le domaine des énergies renouvelables, des réseaux de transport durables, de l'efficacité énergétique, de la construction de bâtiments à faible impact environnemental, etc. Toutes ces initiatives ont des effets positifs en termes climatiques.
Étant donné que les obligations vertes sont très transparentes, les investisseurs peuvent également quantifier l’impact réel des investissements réalisés en utilisant des paramètres accessibles (par exemple, la réduction des émissions de CO2 ou la production d'énergies « propres »).
Le dynamisme du marché européen
La demande européenne de « green bonds » est particulièrement dynamique et met en évidence le fait que l’euro est la première monnaie d’émission, avec près de 55% du total des indices d’obligations libellés dans cette devise.
« L’activité est restée forte en Europe avec plus de 50% des nouvelles émissions provenant du marché européen », observe Olivier Vietti, gérant de la stratégie AXA WF Planet Bonds, dans une note publiée le 22 janvier. « Alors que 30% des émissions mondiales provenaient des émetteurs chinois en 2016, suite à la tentative de Pékin de désendetter le système financier, l’activité du marché primaire du pays s’est ralentie en 2017. Ce ralentissement nous semble provisoire et les émissions reprendront à mesure que la Chine accélérera sa transition verte. Même dans ce contexte, la Chine reste le deuxième émetteur après la France. »
D’après les données Morningstar, on dénombre en Europe 23 fonds qui offrent exposition à ce type d’investissement, qui gèrent au total 1,83 milliards d’euros et qui ont collecté en 2017 en Europe 604 millions. Parmi ceux-ci, outre le Lyxor Green Bond (DR) UCITS ETF - C-EUR, le seul ETF coté sur la Bourse de Paris exposé aux obligations vertes, il y a 15 fonds ouverts qui investissent dans ce domaine, accessibles aux investisseurs français (voir le tableau ci-dessous).
Comme le montre le tableau, les seuls fonds qui affichent la note de durabilité Morningstar, avec la notation maximale dans les deux cas, sont le Mirova Euro Green And Sustainable Corporate Bond Fund I/A (EUR) et l’Amundi Green Bonds.
L’importance de la sélection et de la transparence
Largement porté par les intérêts des investisseurs institutionnels, le marché des obligations vertes devrait poursuivre sa croissance dans les années à venir. Cependant, les investisseurs doivent être soucieux de la qualité des émissions et ne pas faire un investissement sur la base de raisons purement marketing.
« Etre sélectif reste essentiel pour élever les normes sur ce marché. La sélectivité et une plus grande transparence contribuent effectivement à assurer que les projets verts les plus pertinents et percutants reçoivent les financements nécessaires », selon Olivier Vietti. « Dans ce contexte, il est essentiel de bénéficier des recherches et connaissances approfondies sur les émetteurs d’obligations vertes, car le marché est encore au début de son développement et les investisseurs doivent être attentifs aux risques de green washing, qui voient des projets inappropriés recevoir des financements via cette classe d’actifs. Pour que le marché des obligations vertes maintienne sa croissance, les acteurs devront veiller à ce que les impacts associés soient bien définis, mesurés et transparents pour répondre aux attentes en constante évolution des investisseurs », a-t-il conclu.
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