Le fait d’avoir une démarche socialement responsable (ESG) coûte-t-il plus cher à l’investisseur ? C’est la question à laquelle nous avons cherché de répondre en extrayant la liste de l’ensemble des fonds agréés à la vente en France.
En France, les investisseurs ont accès à 10.155 fonds toutes catégories confondues (au 2 mars 2018). Un peu moins de 800 fonds se déclarent socialement responsables.
Cette caractéristique suscite de plus en plus d’intérêt de la part des investisseurs. Ces fonds ont collecté auprès des investisseurs français et étrangers plus de 25 milliards d’euros l’an dernier (montant en accélération sensible par rapport à 2016).
Mais comme toute nouveauté, les promoteurs de l’investissement socialement responsable peuvent avoir tendance à faire payer des frais plus élevés – ce qui peut en partie se justifier par le fait de disposer de ressources de recherche plus important pour renforcer la recherche financière pure avec une analyse extra-financière.
Cela dit, les gérants de portefeuille ont accès à des fournisseurs d’analyse extra-financière, comme ce que propose la société Sustainalytics (partenaire de Morningstar pour la notation ESG des fonds).
Ces ressources additionnelles se retrouvent-elles dans la facture adressée aux investisseurs ?
Eh bien non. A croire que les sociétés de gestion se montrent un peu plus raisonnables pour promouvoir des fonds socialement responsables.
Fonds vendus en France: encours et collecte en milliards d'euros, frais en %
Source : Morningstar Direct
Comme illustré dans le tableau ci-dessus, les écarts de frais courants vont de quelques points de base à 14, 18 et 54 points de base pour les fonds obligations, actions et allocation.
Ceci tend à indiquer que c’est davantage la complexité intrinsèque de la classe d’actifs et les ressources nécessaires pour la « gérer » qui expliquent le niveau des frais.
On peut aussi y voir l'impact des parts des fonds vendus aux institutionnels, qui sont généralement plus faibles. Mais ces fonds ne représentent que 17% de l'ensemble des 800 fonds agréés à la vente en France (sur le nombre de fonds recensés).
Pour Nicolas Beneton, spécialiste produit ESG chez Robeco, "l'ISR n'est pas la ligne de démarcation entre fonds chers ou pas chers".
La situation du marché reflète des approches différentes entre sociétés de gestion. Certaines n'ont fait que décliner une version ISR de fonds existants.
D'autres ont mis en place dès le départ une recherche à la fois financière et extra-financière, considérant que l'ISR permet, si ce n'est de créer un surcroît de performance, d'améliorer le couple rendement-risque des fonds.
Est-ce à dire qu’entre un fonds labellisé ESG et un fonds non labellisé ESG, il faut systématiquement préférer le premier ?
Pas nécessairement. En effet, nous avons vu que l’on peut trouver des fonds très intéressants et ayant une bonne note de durabilité sans qu’ils se déclarent « socialement responsables ».
L’utilisation de la note « Morningstar Sustainability Rating » permet justement aux investisseurs de regarder au-delà des fonds qui déclarent suivre une approche ESG et d’élargir leur spectre d’investissement.
Et si les frais jouent un rôle déterminant dans la performance future d’un fonds, il est important de choisir un fonds en fonction de son profil de risque, d’avoir une vue sur la classe d’actifs et de bien comprendre la stratégie à laquelle on souhaite s’exposer – sur ce dernier point, la recherche de Morningstar peut apporter un contenu utile.