Les investisseurs doivent se rendre à l’évidence. Dix années d’intervention des banques centrales et de chute des rendements obligataires ont fait gonfler le prix des actifs financiers, leur valorisation, avec une diminution des perspectives de retour sur investissement sur le long terme.
Pour construire des portefeuilles en mesure d’offrir des niveaux de performance proches du passé, il leur est nécessaire d’élargir le spectre de classes d’actifs et d’adopter une approche résolument plus active.
« 6% is the new 8% »
Lors de la conférence Morningstar à Paris en septembre 2016, Denis Stattman, gérant de l’un des principaux fonds d’allocation chez BlackRock, expliquait combien il était aujourd’hui nécessaire de diversifier et d’aller vers des classes d’actifs plus risquées pour trouver le même niveau de performance que vingt ans auparavant.
Ce constat se répète année après année. Un portefeuille investi à 60% en actions et 40% en obligations, devrait produire un rendement annualisé de l’ordre de 5% à 6% au cours des prochaines années, estimaient fin 2017 les experts de JPMorgan Asset Management.
Et il est nécessaire de regarder des classes d’actifs aussi diverses que l’immobilier, le crédit, les actions émergentes ou la gestion alternative (hedge funds, private equity) pour booster la performance des allocations.
Pourquoi cette baisse des rendements ?
Tout simplement parce que les perspectives de croissance économique ont diminué, du fait du vieillissement démographique et de la baisse des gains de productivité. Certes, l’innovation pourrait permettre un sursaut, mais ses conséquences sont encore aujourd’hui difficiles à évaluer (entre les destructions d’emplois et la perte de pouvoir d’achat et la création de nouvelles activités, qui nécessiteront d’importants investissements en formation).
Tout ceci se traduit par une translation vers le bas de la frontière efficiente.
Source: JPMorgan Asset Management, 2017
« La chute de la rentabilité venant de la duration vers le niveau de rentabilité attendu sur le monétaire peut être relié presqu’entièrement à l’action des banques centrales depuis la crise financière », observait JPM AM.
L’analyse du gestionnaire d’actifs, qui produit chaque année ses vues à 10 ans sur la rentabilité des différentes classes d’actifs, est de ce point de vue intéressante, puisqu’elle relate une diffusion de la baisse des taux directeurs des banques centrales vers l’ensemble des classes d’actifs.
« La duration est devenue un proxy pour le monétaire, le crédit est devenu le proxy de la duration des obligations souveraines et la rentabilité des actions étant de plus en plus dépendante du dividende, les actions ressemblent de plus en plus à des obligations d’entreprises. Cette translation vers le bas dans la structure du capital est une illustration de la prudence des banquiers centraux, des entreprises et des investisseurs. »
Compte tenu des défis structurels que doivent relever de nombreux pays développés et émergents, le processus de normalisation des politiques monétaires qui permettrait de retrouver des niveaux de valorisation plus attrayants n’est probablement pas imminent.
En résumé
Les perspectives de croissance économique dans le monde sont modestes et devraient le rester, ce qui pèsera sur la performance des actifs risqués.
La normalisation des politiques monétaires durera un certain temps, et les divergences de politique monétaire seront source de volatilité pour les marchés financiers et les diverses classes d’actifs, à commencer par les devises.
De faibles taux d’intérêt pèsent sur les primes de risque, et donc sur la rentabilité à attendre des différentes classes d’actifs.
Les investisseurs sont logiquement poussés à chercher du rendement sur un spectre plus étendu de classes d’actifs, mais doivent être attentifs à la valorisation et aux moteurs fondamentaux de la performance des classes d’actifs qu’ils souhaitent intégrer dans leur portefeuille.