Pour limiter le réchauffement de la terre à 1,5 degré Celsius au-dessus du niveau observé avant l’ère industrielle, l’IPCC (le panel intergouvernemental sur le changement climatique) préconise de ramener à zéro la quantité nette d’émissions de dioxyde de carbone, en prenant en compte le développement des techniques de capture et de stockage de carbone. Cet objectif devrait être atteint d’ici 2040 ou 2050.
La capture de carbone n’existe pas aujourd’hui, ou en tout cas pas à une échelle industrielle, mais cela pourrait être le cas d’ici 30 ans. La seule inconne demeure aujourd’hui le coût de développement de cet industrie et sa rentabilité.
Quoi qu’il en soit, selon une étude réalisée par le cabinet de recherche Aurora Energy Research et subventionnée par UBS, même en intégrant l’impact de la capture de carbone, il sera nécessaire de remplacer l’équipement de 15 milliards de tonnes équivalent pétrole avec des énergies vertes pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.
UBS estime que cela représente la création de 500 à 600 gigawatts d’énergies renouvelables chaque année – perspective qui nécessitera la création de capacités de stockage d’énergie de l’ordre de 2 térawatts, un investissement compris entre 70 et 100 milliards de dollars chaque année.
Les investissements requis en énergies renouvelables (solaire et éolien) sont estimés entre 500 et 600 milliards de dollars par an, en tenant compte de la réduction rapide des coûts de production de ces technologies.
Pour financer de tels investissements, une augmentation substantielle de la taxe carbone serait requise (UBS/Aurora évoquent un prix de 200 dollars par tonne de carbone d’ici 2050).
De même, ce scénario requiert un taux d’électrification des transports, du chauffage et de l’industrie de 80%, en remplacement des énergies fossiles. A défaut de l’électrification, l’utilisation de technologies alternatives comme l’hydrogène deviendra indispensable.
Mais augmenter la production d’hydrogène requerra des investissements additionnels en prodution d’énergies renouvelables (solaire/éolien).
Au final, le secteur de l’énergie devrait, selon Aurora, engager entre 1.000 et 2.000 milliards de dollars d’investissements chaque année. La conversion des secteurs de l’industrie, des bâtiments et des transports ne fera qu’accroître ce montant.
En Europe, la situation de départ semble la plus favorable par rapport aux autres grandes régions du monde. En effet, l’Europe présentera en 2020 le mix énergétique le plus favorable.
Mais à l’horizon 2050, ce sont la Chine et les Etats-Unis qui offrent le potentiel d’amélioration de leur mix énergétique le plus important.
La conclusion de cette recherche est sans équivoque. Sur la base des hypothèses retenues par Aurora, la neutralité carbone n’est pas atteignable d’ici 2050.
Si le montant des émissions mondiales de CO2 se maintient au niveau actuel de 35-40 milliards de tonnes par an, l’objectif d’un réchauffement limité à 1,5 degré Celsius ne pourra être atteint.
Le seul espoir d’atteindre l’objectif d’une neutralité carbone en 2050 repose à la fois sur des changements radicaux de comportement et de transformation du mix énergétique, avec toutes les implications sur une grande variété d’activités humaines (transport, habitat, industrie), mais surtout sur de profondes ruptures technologiques (capture du carbone, développement des énergies renouvelables).