L’industrie plastique sera-t-elle la prochaine victime des politiques d’exclusion des investisseurs ?
Entre 1950 et 2015, la production mondiale de plastiques est passée de 2 à 381 millions de tonnes, selon une étude, un rythme deux fois plus rapide que la croissance de l’économie mondiale. Selon certaines estimations, elle pourrait doubler d’ici 2030 et quadrupler d’ici 2050.
Si l’usage du plastique s’est répandu dans un nombre croissant de secteurs d’activité, la prise de conscience des questions autour du recyclage des plastiques et de leur réutilisation ne semblent avoir émerger que depuis peu, au moment où ils deviennent aussi un enjeu de santé publique.
Production de résines polymères, synthétiques, fibres et additifs en millions de tonnes entre 1950 et 2015
Source : Geyer, et al (2017), Production, use and fate of all plastics ever made, ScienceAdvances.
Les plus gros producteurs de plastiques dans le monde sont la Chine (29%), l’Europe (18,5%) et le bloc commercial du NAFTA (18%). Les pays riches sont les plus gros consommateurs (96 kgs par an et par habitant aux Etats-Unis, 85 kgs en Europe).
Le principal usage des plastiques est l’emballage (qui est également le premier débouché du plastique recyclé), devant la construction, le textile, les produits de consommation ou les transports.
Et 70% des emballages plastiques sont utilisés par les secteurs de l’alimentation et des boissons, ce qui fait que ces secteurs d’activité font l’objet d’un suivi attentif de la part des analystes extra-financiers.
Le régulateur commence à bouger sur la question du recyclage du plastique. L’Europe entend à ce que l’intégralité du plastique soit recyclage d’ici 2030 et qu’au moins 25% de plastiques recyclés soient utilisés dans les bouteilles en polytéréphtalate d’éthylène (PET). Certains pays (Allemagne, pays nordiques) sont en avance sur la mise en place de systèmes de consigne pour mieux assurer son recyclage.
D’autres pays ont également pris des mesures radicales, à l’instar de la Chine qui a banni les importations de déchets plastiques.
Même si les matières plastiques ne représentent qu’une faible proportion de leurs coûts (6% en moyenne pour les groupes agro-alimentaires et 2,7% pour Nestlé), les entreprises sont donc contraintes d’agir et certaines alignent leur objectifs sur ceux du régulateur.
Elles doivent cependant faire des efforts de transparence en matière de communication financière, et bien sûr agir pour réduire leur impact environnemental.
Comme le notait les analystes de Société Générale dans une étude datée du 25 juin, « beaucoup d’entreprises s’expriment haut et fort sur ce qu’elles font mais la réalité est qu’elles n’en sont le plus souvent qu’aux débuts de leurs plans d’action. »