"Quelles sont les nuances entre les étoiles Morningstar et la notation qualitative ?"
Les deux approches sont différentes. La notation quantitative est essentiellement une notation basée sur les performances du fonds et sa volatilité sur 3 ans et éventuellement 5 et 10 ans. Cette notation à base d’étoile, de 1 à 5 étoiles, donne donc une image des performances passées. D’autre part, il s’agit d’une notation relative : dans chaque catégorie il y a nécessairement des fonds notés 5 étoiles et des fonds notés 1 étoile, ainsi bien sûr que des fonds notés 2, 3 et 4 étoiles.
La notation qualitative pour sa part ne s’intéresse pas qu’à la performance du fonds. Bien évidemment, la performance est un paramètre important, mais c’est loin d’être le seul paramètre à être pris en compte.
En fait la notation qualitative s’appuie sur 5 piliers, ce qu’en anglais nous appelons les 5 P : Performance, People, Process, Parent, Price. People, ce sont les personnes qui font la gestion, l’équipe qui comprend les gérants mais aussi éventuellement les analystes qui assistent le ou les gérants. A ce niveau nous nous intéressons au "track record" de l’équipe, à son expertise, les performances qu’elle a pu délivrer par le passé sur le fonds ou d’autres fonds. Nous cherchons aussi à savoir si les gérants sont investis à titre personnel dans le fonds qu’ils gèrent. Cette question surprend parfois certains professionnels en Europe mais aux Etats-Unis les gérants sont habitués à y répondre.
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Autre aspect qui nous intéresse beaucoup au niveau de l’équipe : comment est-elle payée, en particulier au niveau de son bonus. Est-ce que la rémunération est assise sur l’accroissement de la collecte ou sur la performance du fonds ? Dans le premier cas, les intérêts du gérant et des investisseurs ne sont pas alignés puisque bien souvent un accroissement excessif des actifs sous gestion nuit au maintien d’un style d’investissement cohérent. Sans parler du temps consacré au marketing. Il est normal et souhaitable qu’un gérant passe du temps à présenter son fonds et à expliquer ses performances. Mais cette tâche ne doit pas se faire au détriment de la gestion elle-même.
Le Processus de gestion concerne la façon dont le fonds est géré. Est-ce que le processus est clairement explicité et compréhensible ? Explique-t-il les performances passées ? Permet-il de comprendre la façon dont le fonds réagit selon les différentes phases de marché ? Surtout, ce processus est-il constant dans le temps ?
La partie Parent s’intéresse à la société de gestion elle-même : solidité et indépendance financières, historique légal (est-ce que la société de gestion a déjà fait l’objet d’enquête ou a-t-elle déjà connu des situations de conflit d’intérêt ?).
Enfin la partie Prix prend en considération le coût de la gestion, qu’il s’agisse des frais de souscription, des frais de gestion ou encore du TER (Total Expense Ratio). Les frais de gestion sont parfois considérés à tort comme indolores : ils sont calculés et prélevés sur chaque valeur liquidative qui de ce fait est nette. Lorsque les marchés sont bien orientés et que le fonds progresse de 12 ou 15% sur une année, on tend à ne pas faire attention au poids des frais. Mais lorsque les marchés progressent faiblement, rappelons que le CAC 40 en 2007 a fait à peine plus de 3%, les frais pèsent plus lourds…
Premières approches
On nous demande souvent s’il faut se fonder sur les nombre d’étoiles d’un fonds pour décider de l’acheter ou de la vendre. Bref, suffit-il d’acheter un fonds bien étoilé pour faire le bon choix ou à l’inverse de vendre un fonds qui perd une ou 2 étoiles? Il semble que la réalité ne soit pas aussi simple que cela car les étoiles ne sont pas un signal d’achat ou de vente. Ce n’est pas parce qu’un fonds est doté de 5 étoiles qu’il faut l’acheter les yeux fermés.
La notation quantitatives à base d’étoiles est une mesure de la performance passée, qui tient compte de la volatilité du fonds, le positionne par rapport aux autre fonds de sa catégorie. Mais une note 5 étoiles ne signifie pas que le fonds a enregistré de bonnes performances, ni même des performances positives. Cela signifie juste qu’il a offert une performance pondérée du risque « sur le haut du panier ».
La notation quantitative offre une vue synthétique de départ. Mais pour investir en connaissance de cause il faut s’intéresser à la façon dont un fonds se comporte sur les différentes phases de marchés et comment s’expliquent les bonnes ou mauvaises performances. Analyser son allocation sectorielle pour identifier d’éventuels biais de la part du gérant, mesurer son degré effectif de diversification… Et surtout avoir bien cerné sa propre aversion au risque !