Identifier des fonds obligataires ayant de bonnes performances dans la durée tout en maintenant des frais compétitifs est essentiel. En effet, dans cette catégorie de fonds les frais élevés érodent d’autant plus la performance qu’elle est déjà limitée par les caractéristiques de la classe d’actifs, d’où l’importance du prix en tant que critère de recherche.
Pour établir notre liste de fonds, nous commençons par filtrer l’univers sur la base des fonds disponibles à la vente en France avec l’outil Morningstar Direct, et nous choisissons la catégorie globale « Produits de taux » qui regroupe l’ensemble des catégories obligataires Morningstar.
Afin d’être sûrs de ne retenir que des parts accessibles au grand public, nous choisissons d’écarter les parts institutionnelles. Ces parts institutionnelles présentent souvent des minima de souscription prohibitifs pour la grande majorité des investisseurs individuels. Notre requête ne retient donc que les fonds dont les minima de souscription sont inférieurs à 5 000 EUR.
Nous ajoutons ensuite un filtre de performance pour ne retenir que des fonds ayant au minimum 4 ou 5 étoiles Morningstar sur l’ensemble de leur historique depuis le lancement. Le choix des étoiles Morningstar comme critère permet en effet de tenir compte de la performance ajustée du risque (et on le sait des frais) sur cette période. Pour nous assurer que le « track-record » de chaque fonds est représentatif de la continuité de son processus de gestion, nous ajoutons un critère de longévité du gérant : ce dernier doit avoir géré le fonds pendant 5 ans minimum. Et enfin, nous souhaitons ne retenir que les fonds bon marché : le TER (total des frais sur encours) de la part ne doit pas dépasser le TER moyen de la catégorie Morningstar.
Ainsi, à fin janvier 2011, cette requête fait ressortir plusieurs fonds : en voici quelques-uns notés « Supérieur » et « Elite » par Morningstar parmis lesquels nous avons décidé de mettre en avant les suivants.
Allianz Euro High Yield
Alexandre Caminade, gérant expérimenté sur l’obligataire à haut rendement, a bâti un historique de performance très solide sur ce fonds qu’il gère depuis janvier 2005. En dépit d’une certaine instabilité au sein de l’équipe, le fonds a surperformé la moyenne de catégorie chaque année depuis 2005 à l’exception de l’année 2007.
La sélection « bottom up » d’obligations se concentre sur les titres les mieux notés de l’univers (BB et B), l’équipe cherchant à déterminer le couple rendement-risque des différentes émissions. Si le fonds n’a pas entièrement échappé à la lourde perte de la classe d’actifs en 2008, il a bien capté le rebond, exceptionnel, des obligations à haut rendement en 2009 grâce à un réglage habile, et rapide, de la sensibilité du portefeuille combiné à une bonne sélection de titres.
En 2010, le fonds a conservé une avance confortable sur ses concurrents dans un marché très volatil. Les frais de gestion de ce fonds restent tout à fait raisonnables, et sa note qualitative Morningstar a été relevée de «Standard» à «Supérieur» en novembre 2010.
Loomis Sayles Multisector Income Fund
Loomis Sayles, société de gestion d’actifs américaine filiale de Natixis AM, dispose de l’une des expertises les plus reconnues en gestion obligataire. A la tête du fonds, on retrouve un vétéran de la gestion obligataire outre-Atlantique, Dan Fuss, qui a rejoint Loomis Sayles en 1976 et gère la version domiciliée aux US du fonds depuis 1991. Il travaille en étroite collaboration depuis 1997 avec Kathleen Gaffney, et ce duo de talent s’appuie sur une équipe très solide de 20 analystes crédit avec plus de 15 ans d’expérience en moyenne.
Ce mandat, principalement investi en dollars américain et canadien, se distingue nettement de la plupart de ses pairs par la volonté affichée de générer de la performance en exploitant l’intégralité du spectre du marché obligataire. Le fonds n’est donc pas à mettre entre toutes les mains et nous pensons que seuls les investisseurs souhaitant une exposition structurelle à la zone dollar et partageant un horizon d’investissement de long terme doivent l’intégrer à un portefeuille diversifié. Cela étant dit, nous sommes confiants sur la capacité du fonds à surperformer sur le long terme, ce qui se traduit par la note Morningstar « Elite ».
Petercam Bonds Euro Les investisseurs bénéficient avec ce fonds de plus de 20 ans d’expérience de son gérant, Johnny Debuysscher, qui a bâti un historique de surperformance impressionnant dans cette classe d’actifs où il est notoirement difficile d’ajouter de la valeur. Le fonds se classe confortablement dans le 1er quartile de sa catégorie sur 5 et 10 ans. Ce succès tient essentiellement aux décisions judicieuses du gérant en termes de duration et de positionnement sur la courbe des taux. Accessoirement, le fonds investit en titres supranationaux (notés AAA) et en obligations indexées sur l’inflation si celles-ci présentent une décote par rapport aux obligations d’Etat classiques.
La stratégie est clairement orientée vers le long terme, conduisant à un faible taux de rotation du portefeuille. Un autre avantage décisif à notre avis de cette offre réside dans les frais facturés aux investisseurs, parmi les 20% les moins chers de la catégorie, ce qui confirme l’attitude à notre avis globalement favorable de la société Petercam envers les investisseurs. Ce fonds est noté « Elite » par Morningstar.
Raiffeisen-Euro-Rent
Ce fonds d’obligations diversifiées a particulièrement bien traversé l’année 2010, notamment grâce à sa surexposition aux obligations privées de bonne qualité, un positionnement logique dans le contexte d’incertitudes croissantes sur les obligations d’Etat tel que celui que nous avons connu en 2010. Le processus de gestion est implémenté de manière cohérente et disciplinée depuis 1999 et le gérant Andreas Riegler est soutenu par une équipe de 13 analystes ayant douze années d’expérience en moyenne.
La société de gestion Raiffeisen Capital Management propose une gamme de fonds obligataires globalement plus performants que la moyenne, à des coûts attractifs et sans prélever de commissions de surperformance. Si la surexposition aux obligations privées a aggravé la chute du fonds en 2008, ce même biais a favorisé la reprise en 2009 et 2010. Ce fonds, en particulier, est de 30 pbs moins cher que la médiane de la catégorie Morningstar.
De juin 1999 à décembre 2010, le fonds a surperformé la moyenne de catégorie de 120 pbs annualisés, se plaçant dans le 1er décile de performance. Il est noté « Elite » par notre équipe d’analyse qualitative.
Cet article a été initialement publié dans la magazine Morningstar Professional du mois de mars 2011.