Le Mexique sourit

La route des réformes engagées par le nouveau gouvernement attire les opérateurs internationaux qui investissent de plus en plus sur ce marché d'Amérique centrale. Mais les risques ne manquent pas.

Valerio Baselli 08.04.2013
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Mexique sous le feu des projecteurs. Ce pays, qui agit comme une charnière entre les Etats-Unis et l'Amérique latine, connaît un âge d'or (l'indice MSCI Mexique a augmenté de 29% en 2012 et de 7,7% depuis le début de l'année; données en euros au 26 Mars 2013). Depuis la dernière crise économique au milieu des années 90, qui a également conduit à une forte dévaluation du peso, le Mexique a poursuivi une croissance soutenue. Au cours des dernières années, l'économie et les finances publiques ont retrouvé la stabilité, grâce à la création continue d'emplois et une inflation relativement contenue.

Les réformes attirent les investissements

En regardant vers l'avenir, les prévisions restent positives à moyen terme. Le président, Enrique Peña Nieto, qui a été élu en Décembre, a déjà approuvé une réforme majeure de l'enseignement et, depuis ces dernières semaines, a fait pression pour la libéralisation des marchés des télécommunications et de la radiodiffusion, deux secteurs clés de l'économie du Mexique. Mais il ne s'arrêtera pas là. Le programme gouvernemental prévoit également une augmentation des recettes fiscales et l'ouverture du secteur de l'énergie, actuellement de facto nationalisé. Pas étonnant alors que, début Mars, l'agence de notation Standard&Poor’s a amélioré les perspectives de la note souveraine du Mexique de stables à positives, indiquant d’éventuelles mises à jour supplémentaires au cours des 18 prochains mois.

Toutes ces mesures ont convaincu les investisseurs internationaux. Récemment, le pays d'Amérique centrale a reçu de fortes entrées de capitaux étrangers, à la fois sur les actions et sur les obligations. La banque centrale mexicaine a en effet rapporté que, au cours du mois de Février 2013, les investisseurs étrangers ont investi au Mexique un record de 80 milliards de dollars, soit cinq fois plus que les flux à destination du Brésil, première économie de la région.

Le lien avec les Etats-Unis

Même si la majorité des sociétés cotées ont une exposition aux États-Unis plutôt limitée, l'économie mexicaine est très dépendante des États-Unis. Depuis qu'a été signé en 1994 le North American Free Trade Agreement (Accord nord-américain de libre-échange), le rôle du Mexique en tant que réserve de main d’œuvre bon marché a été en constante augmentation. Actuellement, les exportations vers les États-Unis représentent environ un quart du produit intérieur brut total. Ce lien pourrait expliquer en partie la forte corrélation entre le MSCI Mexique et le S&P 500 (88% au cours des cinq dernières années, au 28 Février 2013), supérieur à la moyenne des autres marchés émergents.

Les risques ne manquent pas

Bien sûr, nous ne pouvons pas dire que l'investissement au Mexique ne comporte pas des risques. La violence liée à aux cartels criminels de la drogue est encore très présente dans la société mexicaine, de sorte que le gouvernement a estimé le coût de ces activités criminelles à au moins 1% du PIB (produit intérieur brut). En outre, les réformes liées à la libéralisation économique, si d’un côté elles amènent la concurrence et de meilleurs prix pour les consommateurs, d'autre part, elles pourraient avoir un impact sur les entreprises du secteur des télécommunications, parmi les plus lourdes de de la Bourse mexicaine. Enfin, les recettes publiques sont fortement dépendantes du secteur pétrolier, ce qui les rend vulnérables en cas d'une baisse de la production ou du prix du pétrole.

Un peu de Mexique dans votre portefeuille

Les investisseurs français intéressés au marché mexicain n'ont pas trop le choix, malheureusement, puisque le seul instrument exclusivement dédié au pays centraméricain est le CS ETF (IE) on MSCI Mexico Capped B, un fonds indiciel coté. Par contre, c’est toujours possible être exposé au Mexique à travers un fonds commun de placement de la catégorie Actions Amérique Latine, où le poids du Mexique est, en moyenne, d’environ 20-25%.

Enfin, les investisseurs peuvent aussi accéder aux actions mexicaines via un fonds exposé à l’ensemble des pays émergents. Par exemple, le fonds Vontobel Emerging Markets (noté Silver) affichait, à fin 2012, une nette surexposition au Mexique (13,4% contre 4,8% pour la moyenne de ses concurrents).

Les analystes  Morningstar invitent toujours à faire preuve de prudence au moment de choisir un fonds spécialisé sur un seul pays et suggèrent de n’y consacrer qu’une petite partie d'un portefeuille déjà bien diversifié.

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A propos de l'auteur

Valerio Baselli

Valerio Baselli  est éditorialiste sénior chez Morningstar.