Bill Gross, directeur général de la société de gestion PIMCO (groupe Allianz), s'alarme dans sa dernière lettre mensuelle de l’effet désastreux de taux d’intérêt durablement bas sur l’économie.
« Notre système financier avec des taux zéro commence à ressembler à un patient atteint de leucémie qui subirait une chimiothérapie de nouvelle génération, avec l'objectif désespéré de rétablir une économie qui requiert des solutions structurelles plutôt que des solutions monétaires », affirme Gross.
Le véritable enjeu de la relance économique consiste à inciter à plus de prises de risque, donc à relancer les investissements, estime le gérant. Ceci n’est possible que si les agents économiques ont l'espoir d'enregistrer un retour sur investissement supérieur au coût des ressources engagées:
« Des rendements faibles, une rentabilité faible et des rendements attendus faibles ont un effet néfaste sur l’économie réelle », explique Gross.
L'argumentaire de Gross se décline en 5 points:
- Les marchés financiers ont besoin d'un "retour" ou "rendement" ("carry") pour injecter de l'oxygène à l'économie réelle;
- Les retours sur investissement sont compressés - rendements, spreads et volatilité sont à des plus bas historiques;
- La Fed (à travers la politique d'assouplissement quantitatif ou "QE") fait le pari que la hausse du prix des actifs relancera la croissance économique;
- Cela ne semble pas être le cas;
- Il faut donc réduire les actifs liés au risque/"carry".
Depuis le début des actions non-conventionnelles de la Fed, l'économie américaine n'a pas dépassé 2,5% de croissance pendant plus de 12 mois d'affilée. Le gérant s'en prend d'ailleurs directement à Ben Bernanke, le patron de la Fed, estimant que les promesses de lendemains qui chantent seront très probablement vaines.