[CI-APRES, LA RETRANSCRIPTION TRADUITE DE LA VIDEO]
Jeremy Glaser: Pour Morningstar, je suis Jeremy Glaser. L'économie américaine a créé 175000 emplois au mois de mai, soit légèrement mieux que prévu. Avec moi, Bob Johnson, directeur de la recherche économique, pour voir, si l'économie continue à ce rythme, si la Fed pourrait commencer à réduire sa politique d'assouplissement quantitatif. Bob, merci d'être avec moi.
Bob Johnson: Heureux d'être présent.
Jeremy Glaser: Les créations d'emplois ne sont ni trop rapides, ni trop lentes. Qu'en pensez-vous ? Que doit-on retirer de cette publication ?
Bob Johnson: C'est une très bonne publication et l'on a parle de "godlilocks" puisqu'il ne s'agissait pas d'un chiffre trop élevé - disons 200000 ou plus. Un tel chiffre aurait sans doute effrayé les gens et laisser craindre le début de la baisse des rachats d'obligations par la Fed. Mais ce n'était pas un niveau de 100000 créations d'emplois, qui aurait indiqué que l'économie est plus faible que ce que l'on avait prévu. C'est une publication satisfaisante. Il n'y a pas eu de révision dans cette publication et le chiffre annonce est le même que le mois précédent.
Jeremy Glaser: Vous considérez souvent que les données mois après mois offrent peu de lisibilité, et vous regardez plutôt les variations sur un an. Qu'en est-il de ce point de vue ?
Bob Johnson: Je préfère regarder ce type de pourcentage car il permet d'exclure un certain nombre d'effets comme les grèves ou la météo. Actuellement, l'augmentation de l'emploi privé augmente au rythme de 1,9%. C'est exactement le même chiffre qu'en avril et en mars. Nous sommes donc sur une tendance, et si l'on regarde jusqu'en 2011, ce chiffre a été compris entre 1,9% et 2,1%. Nous avons donc une progression stable de l'emploi, ce qui est une très bonne chose.
Jeremy Glaser: Qu'en est-il des ajustements saisonniers ? Est-ce un facteur important sur le mois écoulé ?
Bob Johnson: Oui. Nous avons eu 900000 créations d'emplois, et nous avons exclu l'effet saisonnier, qui représente entre 730-740000 emplois. Le chiffre brut que nous voyons semble bon, mais ce que les gens sur le marché du travail, c'est qu'il y a eu un nombre très significatif d'emplois, 900000 en mai.
Jeremy Glaser: Le taux de chômage est resté à 7,6%. N'est-ce pas un signal indiquant que le marché du travail n'est pas si solide que ce qu'indiquent les chiffres des créations d'emplois ?
Bob Johnson: Bonnequestion. Ce qui s'est passé cette fois, c'est que le taux de chômage est composé d'un nombre de personnes qui cherchent et ceux qui ont en fait trouvé un emploi. Il y a environ 420000 personnes de plus qui ont commencé à travailler en mai et cela semble indiquer un regain de confiance sur le marché du travail.
C'est une bonne chose, mais le nombre d'emplois créé - rappelez-vous, il y a une toute autre enquête calculée différemment - et cette enquête indique environ 320000 créations d'emplois. Vous avez 420000 salariés qui rejoignent le marché travail et 320000 qui trouvent un emploi, ce qui explique pourquoi le taux de chômage ne varie pas. Cela signifie que plus de personnes cherchaient un travail, un chiffre qui était un peu inquiétant ces derniers mois car un certain nombre de personnes sont parties à la retraite - le nombre de comptes 401(k) est en légère hausse - et d'autre part, les étudiants prolongent leurs études. Ces deux facteurs ont pesé sur le taux de chômage, et nous avons vu une légère hausse ce mois, ce qui constitue malgré tout une bonne nouvelle. Notons que c'est un effet d'arrondi également: le taux était de 7,51% en avril et de 7,56% en mai, et bien sûr, l'un a été arrondi au chiffre inférieur et l'autre au chiffre supérieur, si bien que l'écart d'un dixième de point semble plus important que ce qu'il est en réalité.
Jeremy Glaser: Pas de gros mouvement en la matière, donc. Si l'on regarde dans le détail des chiffres, quels secteurs ont créé le plus d'emplois et ceux où il y a encore des faiblesses ?
Bob Johnson: Le secteur de la construction a augmenté de 7000 emplois, ce qui est en-deçà de la tendance. Idem dans l'industrie manufacturière car la demande internationale est atone, avec une baisse du même ordre. Dans ces secteurs manufacturiers, qui tendent à plutôt bien payer, les deux effets de compensent si bien qu'il n'y a pas de croissance.
D'un autre côté, le secteur de la distribution se porte bien. Les restaurants également. Les services professionnels et aux entreprises, où il y a beaucoup de travail temporaire, se sont bien portés. Voilà les catégories où les créations d'emplois sont dynamiques, avec le travail temporaire qui constitue un bon indicateur avancé signalant que la situation du marché du travail va mieux, car vous avez tendance à recourir d'abord au travail temporaire avant d'embaucher des contrats plus durables, et cela semble reprendre un peu de vigueur.
Le secteur de la restauration a été particulièrement fort. Malheureusement, ce ne sont pas les métiers les plus rémunérateurs. Dans le secteur gouvernemental, la situation est stable. Au niveau fédéral, on recense 14000 destructions de postes, principalement la conséquences des coupes budgétaires. Au niveau local, l'emploi n'a pas évolué. Au final, le gouvernement n'a pas pesé lourd dans les statistiques publiées.
Jeremy Glaser: Si les statistiques sont tirées par la restauration et le travail temporaire, quel impact cela a-t-il eu sur le nombre d'heures travaillées et les salaires ? Un effet dépressif ?
Bob Johnson: Sur une base mensuelle, le nombre d'heures travaillées et les salaires sont stables. Sur un an glissant, la situation est plutôt encourageante. Comme je l'indiquais, l'emploi progresse de 1,9%. On observe une hausse de 2% du salaire horaire, et un rythme similaire, au dixième près pour la croissance du nombre d'heures travaillées en moyenne. En ajoutant les deux, vous avez au total environ 4% de croissance des salaires. C'est plutôt un bon chiffre. C'est même un peu meilleur que ce que l'on a connu. En tenant compte de l'inflation, vous êtes sur une tendance annuelle de 2,8% sur un an glissant, qui est l'un des meilleurs chiffres vus depuis longtemps. Ceci signifie que les consommateurs ont plus d'argent en poche aujourd'hui que ce que les chiffres bruts ne peuvent suggérer.
Jeremy Glaser: Quelles sont les perspectives pour les mois à venir ? Pensez-vous que ce flux de bonnes nouvelles peut perdurer ?
Bob Johnson: Typiquement, nous avons une évolution où les mois printaniers sont un peu meilleurs et nous avons une petite rechute à l'été et à l'automne. Cela ne me surprendrait pas que l'on ait la même configuration encore cette année. Mon estimation de l'évolution de l'emploi est de 1,8% cette année, ce qui signifie que nous serions sur la tendance actuelle, soit environ 170000 emplois en rythme mensuel. Je pense que les prochains mois seront sans doute plus volatils, du fait de facteurs saisonniers, mais dans l'ensemble, la tendance de 1,8%-2% sur un an glissant me semble une hypothèse raisonnable à ce stade.
Jeremy Glaser: Bob, merci pour votre analyse.
Bob Johnson: Merci.
Jeremy Glaser: Pour Morningstar, je suis Jeremy Glaser.