Obligations: où trouver de la valeur?

Face au regain de volatilité sur les taux d'intérêt, BNY Mellon suggère de chercher de nouvelles sources de diversification dans l'univers obligataire.

Jocelyn Jovène 11.06.2013
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La récente remontée des taux longs aux Etats-Unis annonce peut-être la fin du bull market obligataire. Mais en attendant une hausse plus sensible des rendements, les investisseurs doivent aller chercher de la performance en dehors des classes d'actifs traditionnelles, comme les emprunts d'Etats des pays développés.

"Le défi qui se pose actuellement aux investisseurs obligataires est de parvenir à limiter les risques liés à l'inflation et aux taux d'intérêt", observe BNY Mellon Investment Managers dans une étude publiée fin mai. Or, compte tenu de la manipulation artificielle des taux par les banques centrales, trouver un niveau de valorisation "normale" est de plus en plus compliqué - avec le risque de faire perdre de vue la réalité (relation entre les fondamentaux d'un actif, sa valeur et son prix).

Vers quelles classes d'actifs les investisseurs peuvent-ils se tourner? Dans une étude publiée fin mai, les experts de BNY Mellon suggèrent un certain nombre de pistes. Certaines font l'objet de vifs débats.

Les pistes "traditionnelles"

La première classe d'actifs largement explorée et exploitée par les investisseurs est le haut rendement ("high yield"). Entre la crise financière de 2008 et fin 2012, les spreads de crédit sur les obligations high yield américaines sont passés de 1.731 points de base à 561 points de base. Le potentiel de hausse semble donc limité. Mais pour BNY Mellon, les taux de défaut restent extrêmement faibles et la situation financière s'est grandement améliorée. Il y aurait donc encore du potentiel dans cette classe d'actifs, pour peu que les investisseurs soient attentifs aux titres qu'ils acquièrent. L'afflux de liquidités injectées par les banques centrales constitue un autre facteur de soutien, même si ses jours semblent désormais comptés.

Dans le reste de l'univers du crédit, BNY Mellon estime que le potentiel de performance existe encore, là encore grâce aux actions des banques centrales. BNY se focalise sur les obligations de duration courte, qui devraient mieux résister à une hausse des taux d'intérêt. Le gestionnaire d'actifs souligne toutefois un risque: le lien assez fort qui existe entre la volatilité des marchés actions (en train de remonter après avoir atteint des plus bas) et l'univers du crédit (qui inclut le high yield).

Les investisseurs vont également puiser dans le vivier de la dette émergente, qui tend à s'enrichir - il représente environ 8.000 milliards de dollars, dont 2.500 sont accessibles via les indices JPMorgan. Certains pays émergents présentent des fondamentaux de qualité, et leurs entreprises peuvent constituer de bonnes opportunités d'investissement pour des investisseurs adeptes du "stock picking".

Gérer la hausse des taux d'intérêt

Avec un rendement à 10 ans proche de 2,3%, les investisseurs sont, à court terme, particulièrement sensibles au risque de taux. Une première approche consiste à utiliser des couvertures dans les portefeuilles, par le biais de produits dérivés. L'utilisation d'actifs moins sensibles aux variations de taux d'intérêt peut être une autre piste (c'est le cas du crédit émergent ou de certaines devises émergentes).

D'une manière générale, l'internationalisation des portefeuilles obligataires offre une plus grande flexibilité aux investisseurs. "Le fait d'investir au-delà des marchés considérés traditionnellement comme sûrs n'implique pas nécessairement une prise de risque supplémentaire significative", note BNY Mellon.

Les stratégies de performance absolue peuvent aussi constituer une source de diversification intéressante à évaluer. L'utilisation des obligations d'entreprises émergentes, précédemment évoquée, peut également s'avérer pertinente, si elle s'appuie sur un processus solide de sélection des titres (qualité de l'émetteur, profondeur et liquidité du marché considéré).

Une autre piste de diversification des risques peut passer par l'utilisation des titres de prêts sécurisés ("loans"), souvent utilisés comme source de financement des opérations à effet de levier ("Leveraged Buy Out").

Comme le rappelle BNY Mellon, "les obligations représentent une classe d'actifs diversifiée qui rassemble un large éventail d'opportunités". Aux investisseurs de s'entourer des bons conseils pour savoir les explorer et en tirer parti.

 

 

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.